B. Du développement de l’accès à la lutte contre l’exclusion : problématiques Sud-Nord

Ces analyses macroéconomiques laissent sceptiques tant leurs limites explicatives sont fortes. Elles ne permettent pas de comprendre si les difficultés bancaires d’accès que ce soit concernant le compte ou le crédit, sont un handicap à l’enrichissement des populations et à la réduction des inégalités ou si, à l’inverse, c’est le développement aussi égalitaire que possible qui se traduit par un meilleur accès aux produits bancaires de tous. La réponse est sans doute à rechercher entre les deux en intégrant les caractéristiques institutionnelles de chaque pays (exemple d’un fort réseau de banques locales comme les banques coopératives en Allemagne ou en France) comme le souligne Khalifa Al-Yousif (2002).

Concernant notre problématique, l’un des enseignements de ces études qu’il faut souligner est que par leur transversalité, elles ne parviennent pas à saisir la diversité des conséquences des difficultés d’accès. Ce point est souligné par Kempson et al. (2004), Stephen Peachey et Alan Roe (2005) et Kempson (2006) : dans les pays du Sud la question posée est celle du développement de l’accès aux produits bancaires ; dans les pays du Nord, c’est celle de la lutte contre l’exclusion. En s’intéressant au développement de l’accès bancaire et financier dans une perspective de développement économique dans les pays du Sud, on crée les conditions d’une accentuation de la financiarisation qui se traduit progressivement par l’apparition de nouvelles conséquences au niveau individuel en cas de difficultés d’accès ou d’usage. Il faut d’ailleurs souligner que les études précédentes ne prennent en compte en aucune manière les difficultés d’usage. Il serait pourtant pertinent de s’interroger sur les conséquences macroéconomiques de ce type de difficultés tant au Nord qu’au Sud.

Revenons au niveau individuel, l’accroissement de la financiarisation rend plus problématique le fait de ne pas disposer d’un accès de qualité au produits bancaires. Dès lors, cela crée de nouveaux mécanismes de marginalisation sociale et économique (Servet, 2006). D’une certaine manière, en paraphrasant Paugam (2005), les difficultés bancaires, notamment d’accès, deviennent disqualifiantes alors qu’elles étaient précédemment sans conséquences au niveau individuel.

C’est pour ces différentes raisons (manque de pouvoir explicatif des analyses économétriques macroéconomiques, développement de nouveaux mécanismes de marginalisation) que l’étude des conséquences des difficultés bancaires à un niveau individuel est un préalable indispensable. Elle permet de comprendre quels sont les mécanismes à l’œuvre au niveau individuel et, partant, d’en déceler les implications au niveau collectif. Elle suppose, pour être complète, d’être contextualisée c'est-à-dire de prendre en compte les spécificités institutionnelles caractérisant chaque société au premier lieu desquelles le degré de financiarisation.