Il nous est dès lors possible de reformuler les mécanismes du processus d’exclusion sociale compris en termes de privation de capabilités. Il s’agit de la dégradation/limitation152 des différents droits qui peuvent être réellement mobilisés par les personnes. Cette dégradation/limitation correspond soit à la réduction/faiblesse de l’éventail des droits accessibles (dégradation/limitation des liens sociétaires et communautaires) soit à la réduction/faiblesse de ceux que la personne pense pouvoir atteindre (dégradation/limitation du lien à soi). La dégradation/limitation d’un type de lien (droits ou prétentions légitimes) pouvant provoquer celle des deux autres. Ce processus/état se traduit par des ressources disponibles moins nombreuses et/ou une possibilité de les convertir en fonctionnements moins large caractérisant alors une privation de capabilités.
Notre hypothèse est que les difficultés bancaires interviennent à ces différents niveaux pour réduire les capabilités des personnes concernées. Pour comprendre comment cela se réalise, il convient de considérer tout d’abord les conséquences des difficultés bancaires au niveau des droits – obligations (liens sociétaires et communautaires) (section 2). Puis, pour comprendre en quoi la conversion de ces droits-ressources en fonctionnements peut être limitée, il convient également de saisir les effets de ces difficultés sur les prétentions légitimes (lien à soi) (section 3). Enfin, cela implique de s’intéresser également à la dimension sociétale, c'est-à-dire verticale, de ces effets sur les prétentions légitimes et l’éventail des droits. La grille de lecture en termes de capabilités permet ainsi d’articuler conséquences au niveau individuel et collectif dans le cadre d’une articulation logique que les travaux présentés précédemment (A) ne permettent pas (section 4).
Nous soulignons ici la possibilité de considérer l’exclusion sociale dans sa dimension dynamique mais également à un instant t comme un état.