§2. Une mise en cause de la dimension verticale du lien social

L’étude des différentes étapes du processus de financiarisation depuis le début du XIXe siècle a montré que les établissements bancaires ont souvent été instrumentalisés par le pouvoir politique afin de lui permettre d’agir sur le mode d’organisation sociale en fonction de la hiérarchie de valeur propre à l’époque concernée. Ce fut le cas avec le développement de l’épargne populaire au début du XIXe siècle, avec le soutien apporté aux établissements financiers coopératifs à la fin du XIXe siècle puis après guerre, ou bien plus récemment, avec les encouragements et incitations mis en œuvre pour que les particuliers recourent à des produits privés de prévoyance et de protection.

Avec l’intensification de la financiarisation, l’efficacité des établissements financiers comme instrument de la gouvernance publique s’est accrue : les effets sont d’autant plus importants que les produits bancaires sont largement diffusés. La nouveauté de la période actuelle est précisément que les orientations données par le pouvoir politique sont celles d’une régulation marchande du secteur bancaire au moment même où la diffusion et la nécessité sociale de ces produits n’ont jamais été aussi grandes.

Compte tenu des contraintes liées de rentabilité et de maîtrise du risque qui pèsent sur les établissements financiers, les conditions d’accès et d’usage des produits bancaires sont largement dépendantes du niveau de rentabilité escomptée de chaque client. Ainsi, sa « lifetime value » pour reprendre l’expression popularisée par Jeremy Rifkin (2000) conditionne l’éventail des produits qui lui sont accessibles, leur coût et leurs caractéristiques. Nous ne développons pas davantage ici ces éléments qui sont l’objet de la partie suivante (partie II) pour nous intéresser à leurs conséquences. Il nous semble que deux types distincts peuvent être identifiés.