A. La théorie du compte chèque

Pour certains auteurs, l’inscription dans la durée de la relation de crédit renvoie également au fait que la banque ne propose pas seulement à ses clients des crédits mais aussi un ensemble d’autres services financiers (tenue et suivi des comptes, mise à disposition de moyens de paiement scripturaux, placement sur les marchés financiers et plus spécifiquement pour les entreprises : études de marché). « Cette « théorie du compte chèque » (« checking account theory ») a été développée par Hodgman [1963], puis Black [1975] et Fama [1985] et, plus récemment, par Vale [1993]. Selon ces auteurs, une banque contrôle mieux les prêts de ses clients si ces derniers possèdent un compte de dépôt chez elle » (Eber, 2001, p. 201). La gestion des différents produits bancaires détenus par les clients permet à la banque d’avoir une excellente vision de leur situation financière et de leur aversion ou propension au risque. Grâce à cette information collectée et traitée par ses outils informatiques, la banque est en mesure de sélectionner finement les demandes de ses clients mais également d’adapter davantage les caractéristiques du prêt à leurs besoins (Degryse & Van Cayseele, 2000).

La relation de crédit inscrite dans la durée permet donc de réduire l’asymétrie d’informationex ante dans la mesure où les banques disposent d’un surcroît d’information concernant la qualité des clients ayant déjà contracté avec elles mais pour d’autres produits que le crédit. Une relation durable permet également de donner plus de poids aux contrats incitatifs qui visent à réduire les risques liés à l’asymétrie d’information post-contractuelle.