A. La banque comme intermédiaire financier

Les intermédiaires financiers existent en raison du déséquilibre entre les agents à capacité de financement et à la recherche d’un emploi pour leurs excédents de ressources (le plus souvent des ménages) d’un côté et les agents à besoin de financement (le plus souvent des entreprises) de l’autre. Ce déséquilibre offre un marché potentiel pour ces intermédiaires. Cependant, cette complémentarité explique aussi bien les marchés financiers et la finance directe que les banques et la finance intermédiée.

Le recours à ces intermédiaires plutôt qu’aux marchés financiers peut s’expliquer par l’incompatibilité des caractéristiques des souhaits d’emprunts et de prêts (échéances, risques, rendements) (Gurley & Shaw, 1960) ou par l’aversion différenciée au risque pour les clients (financièrement excédentaires ou déficitaires) et ces intermédiaires (Pyle, 1971). Mais plus encore que par les réponses apportées par les intermédiaires financiers à ces difficultés, leur existence se justifie par les imperfections de marché.

En raison de l’asymétrie d’information et de coûts de transaction, il est plus efficient pour les agents à capacité de financement et ceux à besoin de financement de recourir aux services de ces intermédiaires plutôt que de contracter directement sur les marchés financiers. Les établissements de crédit s’avèrent donc plus performants pour réduire le risque inhérent à ce type de relation marchande que ce soit au regard du comportement de l’emprunteur190 ou au regard du risque de taux comme le démontrent notamment Douglas Diamond et Phillip Dybvig (1983) (encadré 27).

Encadré 27 : Risque de taux (Diamond & Dybvig, 1983)
Le risque de taux correspond d’une part à un risque de coût d’opportunité (conserver son épargne sous forme liquide et donc non rémunérée si elle n’est pas consommée à long terme) et d’autre part, à un risque de perte (si l’épargne est investie dans un placement à long terme qui doit être soldé avant terme pour faire face à un besoin de consommation imprévu). Pour faire face à ce risque, la banque va arbitrer en fonction des moyennes nationales entre emprunteurs et épargnants et placer à long terme une partie des dépôts qui lui sont confiés de manière à pouvoir les rémunérer (à un taux moyen inférieur à ce qu’il aurait été s’ils avaient été placés en totalité de la sorte) et conserver l’autre partie sous forme liquide de manière à pouvoir répondre à la demande de retraits statistiquement probable. L’une des illustrations de cet arbitrage est donnée par les comptes de dépôt rémunérés récemment autorisés en France191.

L’économie bancaire explique donc l’existence des établissements bancaires par leur utilité au regard de l’objet d’étude de ces théories : le financement de l’économie. L’application de ces modèles aux relations entre particuliers et banques est alors relativement peu opératoire en l’absence de précautions importantes192. S’il est intéressant, à l’instar de ce qui est fait pour les entreprises, de s’interroger sur l’efficacité supérieure des banques pour placer ou emprunter de l’argent, il est réducteur d’en tirer des conclusions générales sur les caractéristiques de la relation entre les particuliers et la banque.

Notes
190.

Cf. Chapitre 4.

191.

Arrêté du 8 mars 2005 relatif à l’abrogation des textes réglementaires interdisant la rémunération des comptes de dépôts à vue (Journal Officiel n° 63 du 16 mars 2005).

192.

 Précautions qui ne sont généralement pas prises dans de nombreux modèles où il est souvent précisé que l’utilisation du terme « entrepreneur » pour désigner le porteur de projet nécessitant un financement, est une commodité de langage et qu’il englobe également les particuliers.