Section 1. De la banque traditionnelle à sa remise en cause

L’analyse du processus de financiarisation de la société française (chapitre 2) a largement montré la forte implication de l’État ou de l’Église dans la bancarisation de la population. Jusqu’au milieu des années 1980, l’activité bancaire en direction des particuliers est ainsi restée extrêmement marquée par des logiques et contraintes sociales. Cette prégnance de logiques qui n’étaient pas uniquement marchandes, a structuré le mode de production de la prestation de services bancaires au point qu’il se confonde avec l’idéal-type de la relation de service. Mais à partir du milieu des années 1980, cette structuration a été profondément remise en cause par les transformations de l’environnement économique. Cette évolution s’apparente à une transformation radicale des logiques à l’œuvre au sein de la banque de détail française.

Pour le comprendre, il importe de souligner en quoi la prestation de services bancaires peut-être assimilée à une relation de service jusqu’au milieu des années 1980 (§1), puis quels sont les éléments qui expliquent sa remise en cause (§2), avant de pouvoir mettre à jour en quoi, ce qu’il est convenu d’appeler la « modernisation bancaire », s’apparente avant tout à un changement de paradigme (§3).