A. Le niveau de revenu

Comparer le niveau de revenu des personnes en interdiction bancaire et de celles ayant déposé un dossier de surendettement n’est pas chose aisée faute d’analyses suivies. Il s’agit donc davantage ici d’en esquisser les contours. Si l’on compare les éléments disponibles dans l’enquête sur l’interdiction bancaire (Gallou & Le Quéau, 1999) et dans celle sur le surendettement (Banque de France, 2005), il est possible de distinguer trois classes : revenu inférieur à 1 215 euros (environ le niveau du SMIC), de 1 215 à 1 524 euros, et supérieur à 1 524 euros (graphique 5).

Graphique 5 : Niveau de revenu et difficultés d’usage
Graphique 5 : Niveau de revenu et difficultés d’usage

Source : Élaboration personnelle à partir de Gallou et Le Quéau (1999) et Banque de France (2005).

Bien que limité dans les deux cas, il apparaît que les personnes interdites bancaires ont en moyenne un niveau de revenu plus faible que les personnes concernées par le surendettement. Cela corrobore les observations faites aux États-Unis par Sullivan et al. (2000) : le surendettement ne concerne pas en priorité les ménages les plus pauvres des pauvres mais les pauvres et les classes moyennes. De plus, cela nous autorise à avancer l’hypothèse selon laquelle la différence constatée s’explique par l’effet conjoint :

  • d’une plus grande difficulté à accéder au crédit pour les ménages les plus pauvres ;
  • et d’une plus grande facilité à éviter les conséquences des difficultés d’usage portant sur les moyens de paiement scripturaux lorsque le revenu du ménage s’élève.

Rémi Gallou et Pierre Le Quéau (1999) montrent d’ailleurs que le montant de l’impayé entraînant l’interdiction bancaire est positivement corrélé au niveau des revenus. Autrement dit, pour un même impayé de petit montant, un ménage ayant de faibles ressources aura une probabilité plus forte d’être interdit bancaire qu’un ménage aux ressources plus élevées.