Conclusion générale

L’ambition de cette thèse est de proposer une meilleure compréhension du processus d’exclusion bancaire des particuliers. Les enseignements de la théorie économique portant sur la monnaie, les capabilités, l’incertitude et la relation de service ont donc été interrogés et articulés afin d’élaborer une grille de lecture rendant ce phénomène intelligible. Cette démarche conceptuelle, alimentée par les données recueillies, a permis l’élaboration d’un cadre théorique d’analyse original, duquel découle un certain nombre de prescriptions opérationnelles. Avant de revenir sur le détail des résultats de cette thèse, il convient sans doute de rappeler ce qui justifie cette volonté de lier résultats théoriques et opérationnels. Cela tient en peu de mots : contribuer par notre recherche à la lutte contre le problème social qu’est l’exclusion bancaire.

En s’immisçant au cœur de la vie de chacun, les produits bancaires en sont devenus le support incontournable. Ceux qui ne parviennent pas ou plus à satisfaire les règles et normes fixées par les établissements de crédit voient alors leur vie amputée de pans entiers. Les emprunteurs subprimes américains dont la maison a été saisie et à qui il ne reste plus rien, offrent une vision moderne des fermiers des années 1930 décrits par John Steinbeck dans Les raisins de la colère. Mais cette réalité, chacun peut l’observer ou l’expérimenter à l’occasion du refus d’un crédit, lors d’une perte d’emploi ou simplement d’une transition qui s’éternise entre deux contrats entraînant une interdiction bancaire voire une situation de surendettement. Ce sont alors l’estime de soi, les relations de couple, les relations familiales ou amicales, mais également la possibilité de prendre économiquement part à la société qui peuvent se trouver mises à l’épreuve.

Pour répondre à cette détresse sociale, il ne suffit pas de blâmer les banques ou de sermonner les personnes concernées. Il faut au préalable comprendre les mécanismes à l’œuvre, analyser pourquoi les pratiques bancaires de ces personnes paraissent inappropriées, démontrer les raisons pour lesquelles les établissements de crédit structurent de la sorte la prestation qu’ils proposent, et mettre en lumière les causes et conséquences du phénomène de financiarisation qui donne progressivement aux produits bancaires un rôle social incontournable.

Arrivé au terme de notre analyse, il est temps de revenir sur les principaux enseignements théoriques et opérationnels de nos travaux. Au regard des objectifs initialement fixés, cinq hypothèses principales ont progressivement été affinées et finalement retenues pour expliquer le processus d’exclusion bancaire.