I. Premiers points de définition
a. Apports sémantiques

Dans le Trésor de la langue française, nous trouvons la définition suivante du mot « aide » :

‘« Action d'aider quelqu'un, concours que l'on prête, soutien moral ou secours matériel que l'on apporte. »’

Ainsi, il apparaît que l’aide peut se situer à deux niveaux différents : celui du secours matériel, où des biens matériels sont transmis d’une personne à autre ; celui du soutien moral qui correspond à un niveau symbolique, où rien de tangible ne s’échange. Il est intéressant, dans un premier temps, de remarquer que le terme d’aide recouvre ces deux dimensions. Par ailleurs, un fait également remarquable est que le verbe « aider » s’emploie de manière transitive directe et de manière indirecte. Dans son usage au régime direct, il a la signification suivante :

‘« Prêter son concours à quelqu'un pour lui faciliter l'accomplissement d'un acte, la réalisation de quelque chose ; secourir une personne dans le besoin. »’

La signification est légèrement différente dans le régime indirect « aider à » :

‘« Favoriser, faciliter quelque chose ; contribuer au développement, à l'exécution, à la réussite de quelque chose. »’

Dans le premier sens, l’aide apparaît comme une forme de don, don matériel ou don de soi ; dans le second, elle se présente davantage comme un étayage de la démarche d’autrui. Là encore, cette ambiguïté est intéressante. L’usage pronominal vient renforcer le sens du régime indirect :

‘« S'aider de qqc. (ou de qqn) : Se servir de quelque chose (ou de quelqu'un), en tirer parti pour se faciliter l'accomplissement de certaines entreprises. »’

L’aide vient alors accompagner la réalisation d’un acte émanant de celui ou celle qui s’aide de ce (ou ceux) qu’il trouve. Ainsi, les significations du terme « aide » apparaissent comme désignant à la fois une action conjointe de celui ou celle qui aide (et que nous nommerons aidant-e) et de celui ou celle qui est aidé-e, et une action “disjointe” de ces deux protagonistes, dans le sens où leur activité diffère, dans une complémentarité (ex : donner/recevoir ; parler/écouter). Les significations multiples de ce terme, renvoyant aussi bien au fait de « donner » qu’au fait de « concourir à », à des échanges matériels que symboliques, permet donc de désigner un ensemble de pratiques de différentes natures, prenant différentes modalités, mais pouvant être regroupées au sein de la catégorie de l’aide. Cette catégorie apparaît donc comme pertinente pour étudier les modalités diverses selon lesquelles les pratiques visant à améliorer la condition matérielle, sociale et/ou morale d’autrui peuvent se déployer.