b. L’asymétrie de la relation aidant-e/aidé-e

En effet, l’asymétrie caractérise l’aide à autrui, contrairement à l’entraide où la relation est symétrique : si dans l’entraide les places sont et se veulent interchangeables, puisqu’elle se produit au nom de la même appartenance (familiale, groupale, communautaire…‍‍), les relations sont asymétriques quand l’aide s’inscrit dans une institution et dans un réseau de significations morales et éthiques qui dépassent le contexte de la rencontre, mais aussi qui président à cette rencontre (en sont la cause).

En géométrie, ce qui est symétrique est identique, la différence est suffisante pour créer l'asymétrie. Cependant la différence n'est pas une condition nécessaire : deux figures identiques mais dont la position dans l'espace ne permet pas de trouver un point de symétrie ne sont pas symétriques. Partant de ces constatations, nous dirons que ce qui constitue l'asymétrie dans le champ des relations humaines est avant tout une différence de place, de position, avec une impossibilité d'échanger ces places (en tout cas à court ou moyen terme). On pourra dire, avec raison, que chacun-e occupe, quelle que soit la situation une place différente. N’existe-t-il donc pas de relation symétrique ?

Si nous prenons un exemple précis, nous notons que la différence de couleur de peau a bien souvent plus de signification que le fait d’avoir les yeux bleus ou verts : c’est donc la différence socialement construite (qui se saisit d’un élément tangible, ou crée des catégories de pensée) qui introduit une asymétrie dans la relation. Nous considérons que ce sont des données, des critères ayant une signification, collectivement, et attribuant à chacun un statut, un rôle et des caractéristiques différents qui définissent l’asymétrie. Ainsi, les différences entre individus ne créent pas systématiquement une situation d'asymétrie, il faut que cette différence renvoie à des constructions sociales, à un ensemble de représentations sociales, à des donnés culturels. Partant de cette définition, les pratiques d’aide à autrui impliquent une relation asymétrique entre deux individus ayant des places, des statuts, des rôles différents : l’aidé-e et l’aidant-e – leurs rôles ne sont pas perçus comme interchangeables. L’institution au sein de laquelle se développe leur interaction soutient cette différenciation, et contribue à définir les places et rôles de chacun-e5.

Notes
5.

Même si nous ne nous intéressons pas, ici, au cas des associations caritatives, ces dernières instaurent également un rapport asymétrique entre bénévole et bénéficiaire.