c. Proposition de définition

A partir de l’exploration sémantique du terme d’aide, nous avons pu commencer à dessiner les contours de notre objet : un ensemble de conduites qui se traduisent par le don ou la mise à disposition de biens d’ordre matériel ou symbolique. Ces conduites, dans la mesure où elles concernent un tiers (un autre auquel aucun lien a priori ne nous unit), s’inscrivent dans une transcendance, c’est-à-dire qu’elles sont rapportées à un ensemble de valeurs morales, et, lorsqu’elles se développent au sein d’une institution, sont caractérisées par un rapport asymétrique entre aidant-e et aidé-e. Nous sommes donc en mesure de proposer la définition suivante :

L’aide à autrui désignera donc pour nous l’ensemble des conduites de celui ou celle qui, en rapport avec une visée éthique de soutien moral ou matériel d’un tiers (portée individuellement et/ou collectivement), a un rôle d’aide et qui, dans ce cadre, apporte son concours à l’action de l’aidé-e et/ou lui transmet des biens matériels ou symboliques.

Ces pratiques prennent place, dans l’immense majorité des cas, au sein d’une institution qui soutient la visée éthique, et partant, la différenciation et la définition des places de chacun. Ainsi, ce type de relation se déploie principalement dans les champs social, médico-social, caritatif, et concerne donc à titre principal la situation de rencontre entre l’assistant-e social-e, la/le conseiller-e en insertion, l’éducateur/trice, la/le bénévole (etc.) et les personnes qu’ils ou elles reçoivent. Notre étude sera centrée sur les pratiques d’aide professionnalisées se développant dans le champ du travail social, et plus largement, de l’intervention sociale.

Les échanges qui se réalisent dans ce cadre, du fait de la visée éthique qui les sous-tend, sont donc rapportés à un ou plusieurs objectifs implicites ou explicites. Les objectifs de l’aide apportée sont liés à un ensemble de valeurs et de représentations, conscientes ou non, qui contribuent à définir ce qui est souhaitable pour l’aidé-e. Nous tenterons d’examiner, dans ce travail, le rapport entre cet ensemble de valeurs et de représentation – qui constitue un système d’éthique (en tant qu’ensemble contenant la morale, l’éthique antérieure et postérieure) – et les modalités selon lesquelles la pratique d’aide se définit pour les aidant-e-s.