Chapitre V - Phase exploratoire de recherche 

Une phase exploratoire de recherche se donne en général pour objectif, à partir d’une problématique initialement formulée et d’hypothèses générales, l’élaboration d’hypothèses complémentaires, voire d’une théorie explicative à valider dans une seconde phase de recueil de données. Une première investigation permet de confronter les hypothèses générales constitués a priori, d’après la perspective de recherche et les modèles théoriques auxquels celle-ci fait appel, à une expérience de terrain perçue, interrogée et décryptée à l’aide d’une “grille de lecture”. Cette grille de lecture constitue, comme dans toute activité de perception, un filtre qui va retenir certains éléments tandis que d’autres passeront au travers de la grille… Aussi paraît-il important de trouver un tamis qui permette de recueillir un matériau de qualité, et pertinent, c’est-à-dire présentant un intérêt au regard des axes de recherche. Nous pouvons encore filer la métaphore de l’orpailleur, en ajoutant qu’il faut bien sélectionner la matière qu’il d’agit de faire passer au crible du tamis : est-elle aurifère ?

Cette image, quelque peu simplificatrice puisqu’elle ne rend pas tout à fait compte des effets de l’activité et de l’implication du chercheur sur le matériau même qu’il explore (même si nous ne pensons pas qu’il soit possible de changer le plomb en or avec une pierre philosophale !), nous est néanmoins utile pour illustrer notre démarche. Cette phase exploratoire nous a permis d’ajuster progressivement la méthode, au fil des tentatives, et cet ajustement progressif a conduit à un recueil de données plus large, moins sélectif que celui initié dans les premiers temps de l’investigation : le guide d’entretien s’est davantage ouvert car nous avons peu à peu mesuré qu’une démarche inductive était préférable pour explorer la complexité des systèmes d’interprétation mis en œuvre par les praticien-ne-s rencontré-e-s. Au fur et à mesure, nous avons donc pu abandonner la directivité des entretiens, dont nous avons compris qu’elle traduisait davantage nos propres préoccupations que celle des participant-e-s, pour nous laisser guider, autant que possible, dans les chemins plus ou moins sinueux qu’empruntait la pensée en mouvement des aidant-e-s professionnalisé-e-s interrogé-e-s.

La production langagière à laquelle se sont aimablement prêté-e-s les participant-e-s est à comprendre en rapport avec le contexte qui l’a vue naître (que nous décrirons en premier lieu, A)I.) et à mettre en lien avec l’interaction interviewer/interviewé-e, qui est en partie organisée par les axes d’interrogation amenés dans le guide d’entretien, présenté dans un second temps (A)II.).

Le second temps de ce chapitre sera consacré aux résultats de la phase exploratoire, issus de l’analyse de contenu (B)I.), puis de l’analyse Alceste (B)II.)

Dans un troisième temps, nous synthétiserons ces premiers résultats (C)I.) et en tirerons des perspectives pour la suite de notre investigation (C)II.).