a. Le monde lexical de la classe 1

Formes représentatives de la classe 1 (Givors)
Formes représentatives de la classe 1 (Givors) Précisons, au début de cette première présentation de résultats issu de la méthode Alceste, que tous les Khi2 sont à un degré de liberté, le seuil de significativité à p=0, 05 est donc de 3,841.

La classe 1 représente 34,4% du corpus pris en compte dans l’analyse, elle contient donc une partie importante du corpus.

Dans ce premier monde lexical, plusieurs « lieux référentiels » (Reinert, 2001) apparaissent comme particulièrement fréquentés dans le discours : l’idée d’un lieu (aller, arriver, rentrer), d’une temporalité (temps, moment) et d’une rencontre (rendez-vous, relation) se présentent comme centrales dans cette classe. Ainsi, le discours regroupé au sein de la classe 1 concerne un espace-temps où il se produit quelque chose : une rencontre entre deux personnes. Cependant, ce discours reste assez flou, indéterminé : le mot chose est le plus représentatif de la classe 1. Qu’est-ce qui ne trouve pas de nom dans ce contexte ?

Le logiciel Alceste permet de savoir quel mot est le plus associé, dans une classe, à un terme donné. Ceci nous permet de mieux comprendre quelle signification prend dans ce contexte le mot chose(s), qui est associé au mot psy(s), puis au mot fait : ainsi, ces choses qu’on ne peut qualifier sont principalement en rapport avec les psys (19 occurrences dans la classe 1). Il peut s’agir de la « souffrance »125 manifestée par les gens dans le cadre de ces rendez-vous, une souffrance mal identifiée dans ce contexte. D’autre part, le mot chose désigne ce qui est fait (par les aidé-e s ou par les aidants ?), mais ceci reste flou : cette action semble difficilement identifiable.

Dans cette classe, le terme prendre est associé à celui de conscience, ce qui vient indiquer que ce monde lexical prend en charge le discours sur la « prise de conscience » précédemment repéré dans l’analyse thématique. Nous pouvons faire l’hypothèse que, dans ce contexte, les participant-e-s parlent d’un processus qui, selon eux/elles, se réalise ou doit se réaliser au fil des rencontres : les “choses” indéterminées qui sont amenées par la personne accueillie prennent petit à petit un nom, au fur et à mesure de la prise de conscience. La relation évoquée ici est donc perçue comme démarche maïeutique qui amène l’aidé-e à découvrir, selon la technique socratique, “la vérité qui est en lui” par la prise de conscience. La présence du mot coup dans le lexique spécifique de la classe 1 est principalement liée à l’utilisation de l’expression du coup : ce terme montre également l’idée, dans la classe 1, d’un processus en œuvre au sein de la relation.

Le terme aller est souvent utilisé avec le verbe voir. Il s’agit donc d’aller voir quelqu’un : l’idée d’une rencontre est très présente dans cette première classe. La relation dont il est question dans la classe 1 nécessite une confiance (16 occurrences dans la classe) : ce terme est le plus fréquemment présent dans l’entourage du mot relation. D’autre part, cette relation s’inscrit dans la durée : le mot temps est associé au mot tenir. L’accompagnement de l’aidant-e dans une prise de conscience de l’aidé-e repose donc sur le lien durable (solide ?) qui s’établit entre eux et sur l’investissement de cette relation dans un lien de confiance. Nous retrouvons donc les aspects mis en évidence lors de l’analyse de contenu, à propos de la perspective individuelle dans laquelle peut s’inscrire le sens (signification et direction) donné à l’aide.

Le terme gens est associé au mot possi+ble (possible et possibilité), ce qui témoigne d’un vision positive des personnes et d’un optimisme concernant leurs capacités. Les formes représentatives de la classe 1 qui suivent les 15 formes les plus représentatives sont le participe passé cru et l’adjectif positif. La présence du verbe arriver peut aussi être entendue dans le sens de : réussir. Ainsi, ces différents éléments montrent qu’il y a une attente positive vis-à-vis des personnes. Autrement dit, on voit que les intervenant-e-s sociales interrogés croient en elles. Ceci révèle l’apport d’un soutien moral, dans le cadre de la relation dont il est question dans cette classe.

D’après l’ensemble des éléments présents dans la classe 1, nous pouvons penser que le discours rattaché à cette classe traduit les représentations professionnelles d’une aide mobilisant principalement des compétences relationnelle. Les idées-clés du discours regroupé dans cette classe peuvent être résumées de la manière suivante :

  • Rencontre, au sein d’un espace-temps, de l’aidant-e et de l’aidé-e ,
  • ayant pour visée et/ou effet une prise de conscience,
  • reposant sur une relation de confiance, durable,
  • où les aidant-e-s apportent un soutien moral aux aidé-e-s.

Notes
124.

Précisons, au début de cette première présentation de résultats issu de la méthode Alceste, que tous les Khi2 sont à un degré de liberté, le seuil de significativité à p=0, 05 est donc de 3,841.

125.

Le terme de souffrance est régulièrement utilisé par les participant-e-s (19 occurrences).