b. Le monde lexical de la classe 4

Formes représentatives de la classe 4 (Givors)
Formes représentatives de la classe 4 (Givors)

La classe 4 représente 13,4% du corpus pris en compte dans l’analyse.

Dans cette classe, les participant-e-s parlent manifestement de leur rôle : il consiste en premier lieu, dans ce contexte lexical, à écouter les personnes. Ces deux termes, les plus représentatifs de la classe, sont renforcés par les termes mot et parler (plus particulièrement l’expression en parler, repérée comme segment répété de la classe), ainsi que par le verbe recevoir :très clairement, l’écoute de la parole portée par les personnes accueillies apparaît comme centrale dans le rôle défini ici par les aidant-e-s que nous avons rencontré-e-s.

Nous pouvons également observer que les formes représentatives de la classe 4 comprennent beaucoup de verbes d’action (5 sur 15 formes). Au-delà de l’écoute, le rôle de l’aidant-e est aussi de proposer, de donner des réponses aux personnes accompagnées. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une écoute passive, l’aidant-e se montre comme actif dans cette interaction. La notion d’accompagnement qui apparaît ici peut être rapprochée du contenu de la première classe (la plus proche de la classe 4 du point de vue de son lexique) : nous avons vu que l’un des éléments récurrents dans le discours est le processus de prise de conscience. En mettant en relation ces deux mondes lexicaux, nous pouvons en déduire l’idée suivante : au sein de la relation, le rôle de l’aidant-e est d’accompagner l’aidé-e dans un processus de subjectivation. Les termes définir, clair et franchement semblent témoigner de la volonté, pour les aidant-e-s, d’éclaircir et de définir les “choses” déposées au sein de la relation.

Le mot aid+er est présent dans le lexique spécifique de la classe 4 : s’il n’apparaît pas dans les 15 termes les plus représentatifs, il arrive en 17e position (avec un Khi2 égal à 28.04), après le mot demand+er. Si le terme d’accompagnement est utilisé préférentiellement par les participant-e-s interrogées, la notion d’aide est tout de même une notion-clé dans cette définition de leur rôle.Le terme valoris+er est également repéré comme étant spécifique de la classe 4, ce qui vient confirmer le rôle actif de l’aidant.

Ainsi, le monde lexical de la classe 4 nous permet de mettre en lumière des éléments comparables à ceux repérés, lors de l’analyse de contenu, concernant la définition du rôle d’aide professionnalisée. Le discours regroupé dans cette classe fait apparaître que les aidant-e-s interrogé-e-s y décrivent leur rôle de la manière suivante :

  • Il s’agit principalement d’écouter la personne accueillie,
  • mais en ayant une attitude active (donner des réponses, proposer, valoriser),
  • pour l’accompagner dans sa démarche.

La proximité des classes 1 et 4 s’explique à présent : la classe 1 traduit les représentations professionnelles liées à une aide relationnelle, et la classe 4 concerne plus précisément les représentations du rôle rempli par l’aidant-e au sein de celle-ci. Ces résultats rejoignent les observation réalisées au fil de l’analyse de contenu : l’activité relationnelle – correspondant à une focalisation de l’attention sur la dimension individuelle, sur l’intériorité de l’aidé-e, où l’aide est comprise comme une démarche maïeutique, un accompagnement à la « prise de conscience » – prend une part importante dans les conceptions des pratiques d’aide à autrui (les classes 1 et 4 représentent à elles deux 47,8% du corpus pris en charge dans l’analyse).