d. Le monde lexical de la classe 2

La classe 2 représente 29,9% du corpus pris en compte dans l’analyse.

Formes représentatives de la classe 2 (Givors)
Formes représentatives de la classe 2 (Givors)

La classe 2 regroupe le discours tenu sur la question de l’action sociale : les expressions travail social, assistant-e social-e et Conseil Général apparaissent fréquemment dans le corpus rattaché à cette classe (segments répétés repérés par l’analyse Alceste). Le contexte institutionnel de l’intervention est donc plus particulièrement présent dans ce monde lexical.

Les termes professionnel, action (associé au mot travail), et projet (associé avec objectif et formation) montrent que la pratique se centre, dans le discours que regroupe la seconde classe, sur la question de l’emploi et de la formation : le travail apparaît comme une valeur importante dans ce contexte.

Dans ce monde lexical, l’enjeu est l’avenir des personnes aidées (projet, l’utilisation du mot terme est liée à l’expression long terme) ; il s’agit de favoriser un devenir positif, à long terme, des aidé-e-s, ce qui peut être relié à l’idée de “progrès social”. C’est un rôle davantage référé à une posture éducative qui se verbalise ici : la visée est l’autonomie des personnes‍ – le mot autonomie est le plus fréquemment relié au mot valeur. Ce rôle est rapporté aux lois dans lesquelles il s’inscrit, et à la notion de responsabilité. Enfin, le fait que la notion de collectif soit caractéristique de cette classe indique que la socialisation est une visée sous-jacente à ce discours. Ces trois éléments nous conduisent à penser qu’un modèle éducatif issu de l’éthique humaniste sous-tend le discours rassemblé dans cette deuxième classe.

Ainsi, le discours regroupé dans cette classe montre que – parallèlement à un discours développant l’idée d’une aide relationnelle axée sur la dimension subjective – un discours qui puise son sens dans les notions humanistes d’éducation, d’autonomie, de progrès social, se déploie dans les entretiens réalisés avec différent-e-s intervenant-e-s du champ social. Il comporte les traits suivants :

La classe 2 peut être rapprochée, comme la troisième classe, de la perspective sociale que nous avons mise en évidence, précédemment, dans l’analyse de contenu. Ainsi, les classes 2 et 3 peuvent être envisagées comme participant toutes deux d’une vision intégrant la dimension sociale, dans le regard posé par les participant-e-s sur les phénomènes qu’ils perçoivent et interprètent dans le cadre de leurs pratiques, tandis que les classes 1 et 4 rassemblent un discours davantage focalisé sur la dimension individuelle, la subjectivité des aidé-e-s en tant qu’objet à comprendre et à mettre en travail.

Précisons que, si l’on regarde les variables illustratives de chaque classe (nous avons intégré à l’analyse la catégorie professionnelle à laquelle appartiennent les participant-e-s), le groupe professionnel auquel appartiennent les intervenant-e-s ne se manifeste pas comme une variable à laquelle telle ou telle classe est très fortement associée. Les participant-e-s identifié-e-s comme contribuant plus spécifiquement à une classe sont, à chaque fois, divers du point de vue de leur appartenance : pour chaque classe, les variables illustratives repérées par l’analyse comprennent les entretiens de participant-e-s issu-e-s des professions “traditionnelles” du travail social d’une part, et des nouvelles professions du social d’autre part. Ceci montre qu’il n’y a pas là des mondes lexicaux différents selon l’appartenance professionnelle, ces mondes lexicaux étant transversaux aux deux catégories de praticien-ne-s. Nous ne voyons donc pas de différence émerger ici. Avec l’effectif plus important d’intervenant-e-s interrogé-e-s à Rillieux-la-Pape, nous serons en mesure de repérer les spécificités et les points communs à ces deux catégories professionnelles.

Après cette présentation des résultats obtenus par l’analyse de contenu, puis par l’analyse Alceste, nous allons dans un premier temps en proposer une synthèse, puis définir les perspectives ouvertes par ces résultats : quelles hypothèses nous amènent-ils à formuler pour la suite de notre investigation ?