Préambule : présentation du terrain rillard 

I. Participant-e-s et contexte du recueil des données

Afin d’élargir les observations réalisées, nous avons initié une seconde phase d’investigation. Pour que les données recueillies dans ce deuxième temps puissent être rapportées à celles issues des entretiens menés sur la commune de Givors, nous avons choisi de rencontrer des praticien-ne-s exerçant dans un contexte comparable à celui de Givors. La commune de Rillieux-la-Pape faisait partie de celles qui, dans la région lyonnaise, présentaient des similitudes avec la ville de Givors : une ville de taille moyenne (entre 20 000 et 30 000 habitant-e-s), située dans la couronne lyonnaise, dont la population est caractérisée par un niveau de vie, un environnement (mélange de vieux quartiers, grands ensembles et quartiers résidentiels), un taux de chômage comparables126.

A Givors comme à Rillieux-la-Pape, le Conseil Général du Rhône a été l’institution par laquelle une prise de contact avec des acteurs du terrain a été rendue possible : la rencontre de responsables institutionnels nous a ouvert la voie d’une sollicitation de différentes équipes de polyvalence de secteur de Maisons de Département du Rhône, parmi lesquelles celle rattachée à l’Unité Territoriale de Rillieux-la-Pape a donné son accord. Nous avons ainsi pu prendre rendez-vous avec plusieurs membres de cette équipe (la majorité : l’effet du volontariat127 est donc limité par cette participation très large liée à un engagement collectif de l’équipe sur cette recherche), neuf rencontres ont été prévues. Ce groupe a donc constitué notre population de praticien-ne-s du champ du travail social “traditionnel” : huit assistantes sociales et une conseillère en économie sociale et familiale ont été interrogées.

Par l’intermédiaire de la responsable de l’équipe, qui nous a transmis les noms et coordonnées des structures et conseiller-e-s en insertion y travaillant sur la commune de Rillieux-la-Pape, nous avons pu prendre contact avec des praticien-ne-s de cette seconde catégorie professionnelle. Ceux et celles-ci exercent dans des associations diverses, et ne sont donc pas membres d’une même équipe ; pour autant, ils/elles se connaissent mutuellement du fait de leur fréquentation des réunions partenariales où les « bénéficiaires » sont orienté-e-s sur l’une ou l’autre de ces structures. De la même manière, la très grande majorité de ces praticien-ne-s ont accepté une rencontre128, et huit entretiens ont été réalisés (pour équilibrer avec l’effectif supérieur de cette seconde catégorie à Givors). Dans l’observation et la présentation des résultats de l’analyse thématique, nous avons donc systématiquement pondéré (divisé par neuf et multiplié par huit) les occurrences obtenues pour les assistantes sociales, afin que celles-ci puissent être comparées à celles des conseiller-e-s en insertion.

Tous les entretiens, d’une durée de une heure quinze à deux heures, parfois, ont été menés dans le cadre du bureau habituellement utilisé par la ou le participant-e, ce qui favorise à notre sens l’expression d’un discours ancré dans le contexte d’exercice professionnel, au sens propre comme au figuré ! Le fait de parler de cette place, habituellement occupée lorsque les participant-e-s s’adressent aux personnes reçues, les relie davantage aux expériences vécues dans l’espace de leur bureau, ce qui a pu favoriser une position impliquée, dans l’énonciation – ce que nous avons recherché dans la conduite des entretiens.

Notes
126.

D’après un document du PLIE UNI-EST, le recensement de 1999 indiquait un taux de chômage de 15,1% à Rillieux-la-Pape (12,6% sur l’agglomération lyonnaise). Il s’élevait alors à 17%, à Givors.

127.

Une interrogation traditionnelle concerne l’échantillonnage sur la base du volontariat : on peut supposer que ceux et celles qui se portent volontaires pour la participation à une recherche ont une motivation spécifique, un intérêt particulier pour les questions qu’elle soulève ; ceux et celles qui refusent ayant alors pu tenir un tout autre discours sur les objets à propos desquels le ou la chercheur-e sollicite une verbalisation. Ces effets des motifs de participation, au niveau individuel, sont limités par l’engagement collectif de l’équipe, qui a sans doute poussé certaines participante à accepter une rencontre qu’elles auraient refusé dans d’autres circonstances. La faible motivation de certaines participantes nous est apparue assez clairement.

128.

Là aussi, la faible motivation de certain-e-s participant-e-s était perceptible, ce qui, si l’interaction en devient moins agréable (!), permet de dépasser la constitution d’un échantillon sur les bases d’un intérêt prononcé pour l’objet de la recherche.