II. Contours de la professionnalité, statut de l’affectivité et de l’implication

Nous introduisons ici la notion de professionnalité, pour discuter en quoi l’activité des praticien-ne-s représente pour eux/elles un travail, dont les contours sont (plus ou moins) définis. L’identité professionnelle repose, au-delà des contenus de l’activité perçus et du cadre des missions, sur une compréhension du champ de l’exercice professionnel, qui s’appuie sur des représentations de l’identité professionnelles et sur des conceptions données quant à sa délimitation vis-à-vis du champ de la vie privée (comme par exemple le mode d’implication souhaitable dans ce rôle et le statut qu’y prend l’affectivité). Nous distinguons le terme de professionnalité de celui de professionnalisme, qui, dans le langage commun, désigne la mise à distance de l’affectivité dans le travail, ou un haut niveau de compétence. La notion de professionnalité ne comporte pas de jugement de valeur et désigne de manière neutre les représentations quant à un rôle professionnel donné, vis-à-vis d’une activité bénévole, ou à titre privé. Jean-François Blin en propose la définition suivante :

‘« La tendance générale à définir la professionnalité en termes de fonctions à assumer et de compétences à maîtriser, occulte les identités et les enjeux qui s’y expriment. Les professions relèvent toujours de domaines très sensibles aux enjeux sociaux, éthiques et idéologiques et notre travail s’inscrit dans une conception de la professionnalité intégrant les composantes identitaires mobilisées par l’individu dans l’exercice de son travail. (1997, p. 207)’

C’est en ce sens que nous comprenons la notion de professionnalité, . Nous allons tout d’abord examiner les contours, les délimitations que les intervenant-e-s sociales rencontré-e-s tracent pour circonscrire le champ de la pratique.