Quatrième partie 

« En ce sens, le système de représentations ne saurait expliquer les pratiques, mais son étude ouvre une possibilité de les comprendre. »
(Boutanquoi, 2007, p. 179)

Chapitre IX – Visages de l’aide à autrui dans la culture hypermoderne

A l’issue de l’examen des données discursives recueillies dans le cadre d’entretiens de recherches semi-directifs et analysées dans une démarche de triangulation méthodologique, il s’agit à présent de mener une discussion générale des observations que nous avons pu réaliser au fur et à mesure de la progression de notre analyse. Nous allons pouvoir reprendre les hypothèses formulées : l’hypothèse générale posée aux prémisses de ce travail, concernant l’historicité des représentations professionnelles de l’aide à autrui et la pertinence de sa prise en compte pour leur compréhension, sera discutée dans le premier temps de ce chapitre. Nous chercherons à comprendre sur quoi s’appuie la transmission des formes épistémiques antérieures, comme nous l’observons dans notre corpus, et comment elle contribue à animer le mouvement de la pensée des aidant-e-s professionnalisé-e-s.

Au-delà de cette approche descriptive, mais aussi explicative, des principales significations données aux pratiques d’aide et de la dynamique représentationnelle observée, nous allons resituer ce système de représentations dans le contexte socioculturel qui est le nôtre, afin de mieux comprendre les conditions de sa genèse et de son développement. Ceci nous permettra de discuter plus précisément des enjeux repérables autour de deux notions : celle d’autonomie et celle d’écoute, qui sont toutes deux largement présentes dans le discours des praticien-ne-s rencontré-e-s. Nous relierons les modalités de leur usage au contexte de l’hypermodernité.

Enfin, nous réarticulerons le système de représentations aux enjeux de l’interaction et de l’organisation des pratiques, au sein de l’institution où elles prennent place, en analysant leur ancrage psychosociologique dans la dialectique entre rôle idéal et rôle prescrit, et leur rapport avec les politiques sociales “d’activation”. Ceci nous permettra de discuter la question de la prise en compte de la subjectivité, entre risque de “psychologisation” et support d’une dynamique intersubjective tendant à l’émancipation des aidé-e-s.