1.3.Implications sémiotiques de l’activité d’écoute

Il nous semble que ces observations des relations entre le sujet percevant et son objet d’écoute peuvent permettre d’aborder nos chansons en restant au plus près de l’objet « réel » et de son vécu par l’auditeur, plutôt qu’en construisant un objet fantasmé et idéal de recherche. Par conséquent, nous bâtissons nos hypothèses de recherche dans cette optique. Il apparaît alors que chacune des attitudes d’écoute révèle des propriétés du sujet percevant, de l’objet perçu, et éclaire sur les éventuels processus sémiosiques en jeu :

‘« […] l’importance de la matérialité sensible du signifiant […] conduit à reconnaître l’irréductible implication du corps propre dans l’événement du langage et à dégager, à côté d’une structure du jugement qu’assume le sujet du discours, une "structure de la passion" qu’il n’assume pas »182

Nous discuterons ces questions ultérieurement, au regard de nos analyses. Retenons dans l’immédiat ce point : l’instance d’énonciation concernée par ce « ouïr » fait effectivement écho au sujet « pathémique », tel que l’évoque Coquet :

‘« Le sujet pathémique ne peut se détacher de son inhérence à lui-même, inséré, engoncé dans les impératifs sensibles du corps propre, "part opaque" de son être dans le monde. Le corps est l’instance du non-sujet »183

En effet, son « inhérence à lui-même » que l’auteur mentionne peut répondre à la dimension « subjective » de cette écoute ; de même, les « impératifs sensibles du corps propre » trouvent dans le caractère « concret » de cette écoute une résonance certaine. Nous en retenons un premier point pour notre projet sémiotique : nous devons trouver un moyen de prendre en compte la dimension sensible des chansons, et nous devons trouver un cadre théorique sémiotique susceptible d’intégrer cette dimension sensible comme non secondaire, comme fondamentale aux opérations sémiotiques en jeu.

Notes
181.

Coquet, 1997.

182.

Bertrand, 2000 : 228.

183.

Coquet, 1997 : 12.