1. Le son, phénomène physique

Le son est donc une vibration de la matière qui se transmet sous forme d'ondes longitudinales ou, plus précisément, la perception de cette vibration. Ces ondes se propagent, à des fréquences exprimées en Hertz, en rebondissant d’une paroi à une autre jusqu’à l’épuisement de l’impulsion initiale. Chion définit le son de la façon suivante :

‘« Au niveau physique, ce qu’on appelle le son est une onde qui, à la suite de l’ébranlement d’une ou plusieurs sources nommées corps sonores, se propage, selon des lois bien particulières et, au passage, touche ce qu’on appelle l’oreille, où elle donne matière à des sensations auditives, non sans toucher aussi […] d’autres parties du corps, où elle déclenche des chocs, des co-vibrations, etc., plus diffus et non réifiables. »204

Il se réalise par conséquent dans un espace, mais cet espace doit lui permettre de se propager, ce que Fontanille résume ainsi : « […] le son est une occupation de l’espace, mais d’un espace confiné »205. Il n’y a donc pas de son possible sans un milieu dans lequel les ondes puissent se propager en provoquant les vibrations des matières qu’elles heurtent. En contrepartie, la propagation des ondes n’est limitée que par l’espace dans lequel elles sont confinées. Cet espace nécessaire au déploiement du son est inexorablement envahi par lui, et tout flot sonore peut alors se décrire comme une invasion d’un espace par des ondes. Par ailleurs, si l’on exclut sa durée, le son n’a que deux caractères propres : sa fréquence, et son amplitude de pression, c’est-à-dire l’importance de l’oscillation de cette fréquence. À l’exception des sons purs, qui n’existent pas dans la nature, les sons développent plusieurs fréquences. Un son se définit alors par une fréquence fondamentale, sa fréquence la plus basse, et les harmoniques que cette fréquence produit. Les acousticiens nomment respectivement ces phénomènes la tonie et la sonie. La tonie renseigne sur la hauteur du son, la sonie concerne son intensité. La grande majorité des phénomènes sonores comporte le plus souvent plusieurs fréquences superposées, périodiques ou non, avec des amplitudes différentes, l’ensemble pouvant varier constamment d’un instant à l’autre.

Ces éléments impliquent deux points importants : la durée de vie d’un son est conditionnée à son impulsion initiale, il est par conséquent limité dans le temps, et voué naturellement à s’éteindre ; ses caractères principaux, de fréquence et d’amplitude, ne sont que rarement stables et durables à la fois, ce qui le rend difficilement observable. Les auteurs traduisent ces phénomènes par deux caractères conséquents l’un de l’autre, « le son est majoritairement événementiel »206 et « a une vocation marquée pour l’entropie »207.

Notes
204.

Chion, 2004 : 23.

205.

Fontanille, Ibid, 82.

206.

Chion, ibid., 46.

207.

Fontanille, ibid. : 82