Localisation de la source sonore 

Lorsque le son provient d’une source fixe, sa localisation dans l’espace est facilement assimilée soit à la localisation de sa source, si elle est visible, soit à ce que l’on croit savoir de la localisation de sa source. De fait, il tend à perdre son ancrage spatial autonome. En revanche, lorsqu’il se déplace dans l’espace, l’oreille parvient beaucoup mieux à localiser sa place réelle, bien qu’éphémère, de provenance dans l’espace et de direction, « justement parce que cette place ne cesse de changer »210. Par ailleurs, s’ajoute à cette faculté de localiser le son et sa direction dans l’espace, celle de diriger notre écoute et d’en extraire le « son utile », celui que l’on souhaite entendre, au détriment des autres, qui bien que perçus, n’entament pas notre attention auditive. Néanmoins, si les sons ambiants ont un niveau de tonie et de sonie plus importants que celui que l’on souhaite percevoir, il se produit un « effet de masque », instaurant un son masquant et un son masqué. L’on retiendra que les fréquences basses sont les plus gênantes, et les fréquences hautes les plus gênées. Le masquage des sons relève de la difficulté d’exclure complètement un son d’un champ perceptif. Chion l’explicite en termes de « cadre », il est impossible de cadrer un son, comme on pourrait le faire pour un élément d’un champ visuel : « il n’y a pas de cadre des sons au sens que ce mot revêt pour le visuel, à savoir un bord qui délimite, en même temps qu’il structure, ce qu’il enferme. »211 Pour Fontanille, cette impossibilité de cadrer le son se traduit par une « omniprésence » du son, à laquelle on ne peut échapper. Cette « invasion du territoire » implique selon l’auteur que l’on n’est pas placé devant le son comme on le serait devant un tableau ou devant un spectacle visuel, mais au milieu du son, dans un lieu indéterminé, et enveloppé dans le son :

‘« En somme, le son est en nous de la même façon que nous sommes dans le son. Et de fait, au niveau des expériences relatées, il se produit quelque chose qui paraît extrêmement curieux — et d’après moi, essentiel : ces deux relations inversées d’inclusion — le corps est dans le son, le son est dans le corps — sont perçues simultanément, sans contradiction. » 212
Notes
210.

Ibid. : 35.

211.

Ibid. : 37.

212.

Fontanille, Ibid : 84.