Pré-perception et perception restaurée

De nombreux événements sonores sont perçus à l’aide de procédés d’anticipation, de compensation, de restauration, au travers ce que nous connaissons de ce que nous souhaitons entendre, et des attentes que l’on construit. Ces phénomènes sont à l’évidence particulièrement efficients pour les sons qui actualisent nos systèmes signifiants, langage et musique notamment : la faculté que nous avons à reconstituer un message verbal, même dans des conditions d’audition difficile en est un exemple évident. Ces phénomènes permettent même, selon certains auteurs, d’anticiper sur les évolutions dynamiques et intensives des sons entendus. Ainsi, selon Bailblé, que Chion cite, l’analyse que l’on fait du contexte perceptif nous permet d’anticiper sur l’apparition, la tenue, l’évanouissement des sons, ainsi que sur la gestion des intensités : « Des associations supra-auditives, orientées par la situation en acte (les choses à voir, les choses à dire, les choses à faire) tracent un chemin »213. La perception serait donc au trois quarts une pré-perception, qui va puiser dans nos grilles de connaissance du monde sonore, pour anticiper, compenser, restaurer la perception actuelle.

Notes
213.

Chion, Ibid. : 37 (citation de Bailblé, tirée de L’Audiophile, n° 50, p.143).