Bi-sensorialité du son

Les sons que l’on perçoit sont en premier lieu captés par la fenêtre auditive de l’oreille, qui constitue le cadre dans lequel une vibration est susceptible de produire une sensation ayant des qualités acoustiques. Cependant, dans certains cas, certaines vibrations du son font « vibrer » d’autres parties du corps, sans pour autant créer une sensation acoustique. Chion nomme ce phénomène la « co-vibration » :

‘« On proposera alors complémentairement le terme de "co-vibration" pour désigner le phénomène en vertu duquel une partie de notre corps co-vibre par "sympathie" avec le son, notamment pour les fréquences graves et pour certaines fréquences de la voix (au niveau du larynx). La co-vibration concernerait tout ce qui dans le son touche le corps, en dehors de la « fenêtre auditive » proprement dite. »214

Ces co-vibrations, l’auteur les définit comme purement rythmiques, et intégrant des modulations d’intensité. Elles ne manifestent pas de propriétés acoustiques proprement dites, et ne sont causées que dans certaines conditions de fréquence et d’intensité. Elles sont assimilées à des réflexes liés à la perception de certains phénomènes, de sorte que le corps les garde en mémoire. Ainsi, lorsqu’on nous écoutons une musique à une intensité moindre alors que nous avions l’habitude de l’écouter dans des conditions qui provoquaient des co-vibrations, le corps les restitue et le son est alors « bi-sensoriel par mémoire corporelle », et est perçu comme tel.

Notes
214.

Chion, Ibid. : 54.