2. Le discours musical

En abordant précédemment la notion de cadence, nous anticipions donc sur ce que nous nommerons très globalement le discours musical. En effet, les cadences se définissant à la fois par des propriétés harmoniques, et par les agencements syntagmatiques de ces propriétés, elles s’associent à la constitution des thèmes mélodiques d’une part, et participent d’autre part, en concordance avec d’autres éléments, au découpage du continuum sonore. Dans ce sens, elles participent à l’élaboration de la structure des chansons, structure sans laquelle le matériau sonore resterait pour l’auditeur un assemblage de sons échappant à toute herméneutique. Dans ce contexte, les propos de Geninasca prennent toute leur pertinence :

‘« La cohérence des discours esthétiques a ceci de particulier qu’elle est de nature structurale, ce qui a pour effet d’en assurer l’intelligibilité en toute indépendance de contextes situationnels. […] une telle structure […] est la forme qu’une instance énonciative se charge d’instaurer du moment qu’elle en postule la réalité.  »269

Il s’agit donc de mettre en évidence ici ce qui, d’un point de vue musical, est susceptible de référer à la « nature structurale » des chansons. Cette nature structurale s’articule selon nous selon deux pôles principaux : la constitution des paradigmes et la gestion du temps musical. Par ailleurs, l’efficience de cette structure s’accomplit principalement au travers de la composante mélodique, en tant qu’elle hiérarchise et distribue les fonctions au sein de la matérialité mélodique multi-modale (vocale et instrumentale), ce que nous examinerons dans un second temps.

Notes
269.

Geninasca, 2004b : 137.