Cette partie a en effet la particularité de présenter musicalement une mélodie chantée spécifique sur Cvar, et un refrain réduit de deux mesures sur Rvar, l’ensemble constituant, du point de vue de la manifestation verbale, une sorte de couplet hypertrophié suivi d’un refrain atrophié (prolifération/réduction des données, au regard des caractéristiques verbales de C et de R dans le reste de la chanson). Par commodité, nous nous réfèrerons à cette partie en la nommant « pont chanté », dès lors que cette chanson ne développe pas de pont strictement instrumental. Concernant les autres connecteurs :
Nous choisissons de présenter cette chanson au travers de sa carrure, afin de visualiser sa structure globale, ainsi que la gestion du temps musical que nous venons de décrire :
Le discours verbal de cette chanson met en scène un acteur principal « je », dans deux espaces temporels distincts, un « avant » (dans les couplets) et un « maintenant » (dans les refrains). Dans les couplets, le sujet est un sujet de l’être, caractérisé par cette propriété d’ « être mince », et par le bien-être social que lui procure cette apparence. Dans les refrains, le sujet est un sujet du faire, modalisé par son vouloir, « maigrir », ce qui implique qu’entre les deux temps du discours, le sujet a changé d’état, et n’est plus mince.
L’univers de discours des couplets dessine un univers de valeurs où le fait d’être mince est corrélé au fait de se sentir socialement bien, reflétant ainsi une société où le paraître est une valeur d’intégration sociale. Le projet de transformation du sujet, « maigrir », s’inscrit donc dans l’espace tensif ainsi caractérisé :
Or, la phrase leitmotiv du refrain, « comment devenir fin sans devenir fou », construit un espace tensif en contradiction avec le précédent, où l’état de minceur est en corrélation converse avec un état pathologique du sujet, la folie, et partant en corrélation inverse avec son bien-être intime :
Dès lors, le sujet, dans son vouloir-faire, « maigrir », est soumis à une tension engendrée par la superposition des deux espaces tensifs.
Nous avons expliqué les caractéristiques de cette introduction dans ce chapitre, cf. II - 4.1.1. Fonctionnement des introductions.
Voir annexe, doc.11, p. 404.