Chapitre 2 : Mécanismes cognitifs impliqués dans l’émergence du sentiment de présence

Après avoir exposé comment la Présence peut être définie dans notre champ disciplinaire ainsi que les différents concepts qui lui sont associés, il est nécessaire de s’interroger sur les mécanismes cognitifs qui peuvent être impliqués. Ce n’est qu’à cette condition qu’il sera possible d’expliquer ce qui permet l’émergence du sentiment de présence dans un environnement virtuel. Notre intérêt s’est porté sur les comportements qui pourraient être mis en parallèle pour rendre compte d’un tel processus, afin de pouvoir les tester et vérifier qu’ils pouvaient aider à l’évaluation du sentiment de Présence dans les environnements virtuels.

Comme nous l’avons expliqué plus haut, l'expérience d’être dans un environnement simulé, n'est pas seulement régie par l'entrée sensorielle, c’est-à-dire par la perception, et ceci même si pour qu’il y ait Présence dans l’Environnement virtuel il faut avant tout qu’il y ait perception. En effet, les connaissances et souvenirs de l’individu interagissent avec les signaux d'entrée, pour induire et permettre la construction d’une représentation mentale de l’espace. Il paraît logique d’envisager que cette idée implique l’intervention de mécanismes tels que l’imagerie mentale, la notion d’illusion perceptive et/ou perspective, mais aussi évidemment des mécanismes mnésiques, et plus particulièrement selon les conceptions de la mémoire en tant que système à traces multiples. À l’heure actuelle, deux conceptions s’opposent encore quant à la description des processus mnésiques et au stockage des informations. La première est abstractive, en faveur d’une conception multi-systèmes – les différents types de connaissances sont stockés dans différents types de mémoires distincts. La seconde, non abstractive considère la mémoire comme un système unique, dans lequel les informations se composent de traces mnésiques, résultant des expériences vécues. Dans ce cas, le souvenir, comme d’ailleurs toute autre forme de connaissance, n’est que l’émergence de la réactivation de traces d’expériences passées. Par exemple, Barsalou (1999 & 2003) compare le souvenir à la simulation mentale de l’objet ou de la situation rappelée.

Mais le premier mécanisme à prendre en compte est selon nous celui de l’imagerie mentale, bien que, nous le verrons, il soit difficile de dissocier les mécanismes propres à l’imagerie de ceux spécifiques à la mémoire, tout comme il est difficile de dissocier les mécanismes propres à l’imagerie des mécanismes perceptifs.