2.2.1.a. Notion de représentations dans les modèles de la mémoire

Ces modèles de la mémoire posent la question de la nature des informations et des propriétés codées au niveau de ces traces. L’émergence de la psychologie cognitive, telle qu’elle est actuellement, a notamment été motivée par l'idée qu'il existe des représentations mentales, et que celles-ci, bien que inobservables directement, sont accessibles à la connaissance scientifique. À une période où la psychologie se développait sur d’autres bases que l’observation des comportements, les représentations ont alors été considérées comme le support de la cognition. Malgré leur rôle important dans l'étude de la cognition, aucun consensus n'a été établi quant à leur définition, et certains chercheurs réfutent d’ailleurs l’idée même ou du moins la notion de représentation (Berthoz, 2007). Les modèles de la représentation cognitive (Denis et Dubois, 1976) se sont développés simultanément à l’idée selon laquelle à travers son vécu et ses expériences, l’individu construit un modèle intériorisé de son environnement (ainsi que des différents objets et des différentes interactions qu’il peut avoir avec ces objets). Par la suite, l’étude des représentations, toujours non observables directement ni même vraiment explicitement, s’est faite au travers d’expériences mettant en jeu des réponses comportementales identifiables et mesurables. Ces études ont permis de dégager des propriétés générales des représentations pour les décrire en tant que structures soutenant et contenant l’information sous forme réduite et éventuellement abstraite. Dans cette démarche, il faut distinguer deux états des représentations (d’un point de vue cognitif) :

- Premièrement : un état de disponibilité permanente, qui correspondrait à l’existence d’une mémoire à long terme.

- Secondement : un état dit d’actualité, correspondant à l’activation de la représentation sous l’influence et l’effet de processus ou d’événements activateurs. Cet état actif fait à la fois référence à l’utilisation de la représentation pour une réponse comportementale appropriée à l’environnement, et à la mise à jour de cette représentation, c’est-à-dire à son actualisation. Les processus mis en jeu lors de l’actualisation peuvent être conscients ou non, explicites ou implicites, directs ou même indirects.

Cette perspective peut sembler étayer les arguments en faveur d’une dichotomie de la mémoire en Mémoire à long terme et Mémoire à court terme. Cependant, la notion de représentation peut aussi être comprise et reliée à la notion de traces que l’on retrouve dans les modèles de la mémoire conceptualisée tel un système unique mais érigé en réseau, les connaissances et tous les éléments multimodaux relatifs à ces dernières étant considérés comme des traces, d’où le nom de modèle de la mémoire à traces multiples.

Dans la lignée de ces modèles de mémoire à traces multiples, Lawrence Barsalou a développé une théorie perceptuelle de la connaissance (1999). Selon cette théorie, les souvenirs d’un composant perceptif d’un objet s’organisent autour d’une structure commune, puis engagent la mise en œuvre d’un simulateur qui va créer des simulations illimitées et sans borne du composant sensoriel. Les simulateurs ainsi déployés ne le sont pas uniquement pour les éléments sensoriels, mais aussi pour toutes les expériences proprioceptives ou introspectives vécues et perçues par l’individu.