3.1. La perception visuelle du paysage

Nous ne situons pas ce travail dans l’étude de la perception, au sens strict d’activité sensorielle, mais plutôt dans une conception proche du modèle défini par Anderson – Information Integration Theory, 1981 (cité par Sauvageot, 2001). Cette théorie permet une distinction explicite entre sensation et perception, au-delà d’une simple dichotomie entre réaction physiologique et mécanisme cognitif. Ce modèle définit la réponse sensorielle selon 3 étapes. La première est une sensation inconsciente qui permet l’estimation de l’intensité du stimulus, la seconde traduit la sensation en un percept conscient qui intègre l’information, et la troisième étape vise à traduire le percept en une réponse comportementale observable.

La sensation provoquée par le stimulus est une base de construction pour la réponse, selon les résultats de l’intégration de l’information. Le percept diffère en fonction des connaissances de l’individu et de ce qu’il attend. "Percevoir" implique donc l'interrogation du champ de perception (le champ visuel dans le cas de la vision), mais engage également l'appréhension, l'intégration des différentes informations perçues aux informations stockées en mémoire, ainsi que la compréhension dans le cadre mental.

La notion de paysage est née dans le milieu artistique à la période romantique. Sa dimension première est avant tout esthétique.

Actuellement, le paysage est à la fois considéré comme un système animé par une dynamique, en interaction perpétuelle avec les autres systèmes vivants, et comme la lecture d’un espace à un instant précis (Champelovier & Guérin, 2002). Cette lecture est le résultat de la conjonction d’une réalité et du regard qui est porté sur elle. En 2000, Bauer définissait le paysage comme « la relation qui s’établit entre un lieu à un moment donné, entre un observateur et l’espace qu’il parcourt du regard. Au travers de ses propres filtres sensoriels et culturels, l’observateur appréhende ce qui devient pour lui un spectacle porteur de significations. ».

La perception visuelle d’un paysage est donc le résultat de la mise en relation d’un lieu et d’un observateur, qui par son interprétation, donnera une signification et probablement une valeur au paysage. Une scène visuelle est aussi « un morceau de paysage qui sera vu à partir d’un point de vue (ou d’une localisation) en regardant dans une direction. » (Poisson, 2001).