7.2.4. Discussion

La plupart de ces résultats permettent de confirmer nos hypothèses.

Tout d’abord, concernant la tâche de catégorisation nous avons observé un effet du lien entre le contexte et les images à traiter, ceci que ce soit au domicile des participants ou au Laboratoire de Simulation et d’Evaluation de l’Environnement, mais aussi pour les temps de latences comme pour les taux de bonnes réponses.

Les analyses réalisées par sujet sur les temps de réponses ne montrent pas toujours les mêmes effets que les résultats issus des analyses réalisées par item, qui elles montrent un effet du film présenté en arrière plan. Il existe en effet une grande variabilité inter sujet : cette population est en effet très éclectique du point de vue de l’âge, des catégories socioprofessionnelles et de l’appréhension à utiliser un ordinateur ou a participer à une expérimentation. Toutefois les analyses par item permettent de réduire les effets de cette variabilité, jusqu’à mettre en évidence une interaction entre l’effet du facteur 'Film' projeté au laboratoire et l’effet du facteur 'Lien', malgré le peu de sujets par sous-groupe (le groupe riverains était constitué de 21 participants, 3 films étaient testés, ceci nous amène à 7 sujets par sous-groupe). Les effets des deux facteurs principaux ('Lien' des items avec le contexte, et 'Film' projeté) sont mis en évidence lorsqu’ils sont manipulés en tant que variable intra-sujet ou intra-item, mais plus lorsqu’il représente un facteur inter-sujet ou inter-item, car dans ce cas les variabilité inter-sujet et inter-item (respectivement dans l’analyse par sujet et dans l’analyse par item) persistent et gomment les effets attendus.

Cependant, les effets principaux mis en évidence par les deux types d’analyses, de même que l’existence des interactions film*Lien, puis les analyses réalisées pour comparer les effets des films pris deux à deux, mises en parallèle avec les pattern de résultats observés au domicile, sont en faveur de nos différentes hypothèses sur les effets de contexte, et la possibilité de les induire et de les observer en milieu réel comme en laboratoire de simulation. Ajoutées à cela les tendances qui se dégagent des résultats que nous n’avons pu confirmer, croisées aux analyses qualitatives réalisées par le biais des questionnaires, les arguments en faveur de nos hypothèses s'additionnent et, nous semble-t-il, permettent d’identifier une séquence plus adaptée que les deux autres pour induire un sentiment de Présence au laboratoire et inférer la mise en situation.

En effet, les latences, de même que les taux de bonnes réponses, croisés avec les réponses relevées par le biais des questionnaires, nous permettent de confirmer notre hypothèse selon laquelle l’immersion et le sentiment d’être Présent dans une scène, même fictive, activent différentes représentations relatives à la situation représentée ou simulée. Les performances à la tâche de catégorisation sont meilleures pour les images ayant un lien avec la situation dans laquelle le sujet est exposé, et ceci d’autant plus pour la séquence vidéo, qui s’avère aussi être la séquence la mieux perçue et celle pour laquelle le sentiment de Présence est décrit comme le plus élevé.

Les analyses réalisées sur les temps de détection des signaux sonores permettent aussi de confirmer notre seconde hypothèse qui est que plus le sentiment de Présence est délicat et compliqué à atteindre, plus les capacités attentionnelles du sujet sont mobilisées sur le film et la situation, et plus il est difficile de réengager son attention sur un événement étranger à la situation. En effet, les performances sont les meilleures pour la séquence vidéo, film pour lequel l’intensité du sentiment de Présence dans la scène est la plus forte.

Les comparaisons réalisées entre les résultats obtenus au domicile des sujets et en laboratoire ne permettent pas de conclure à un effet du lieu, c'est-à-dire à une différence significative entre le laboratoire et la situation réelle. Ce fait est toujours, pour nous, en faveur de la possibilité de recréer, de simuler la situation du « domicile » dans le laboratoire et d’attester de la capacité de cet outil à induire une mise en situation adéquate. Il semble donc fort probable que les données relevées et les mesures effectuées au laboratoire soient assez conformes aux observations qui peuvent être faites en milieu réel, et peuvent donc aider à prédire les réponses comportementales en situation réelle.