3.Conclusion et perspectives

L'utilisation de la Réalité Virtuelle est effectivement un atout pour les études de perception de l'environnement. Cette thèse en a surtout montré les apports. Toutefois, il est important de constater que selon les groupes, le type de séquence le plus efficace pour induire des effets de contexte et un sentiment de présence dans la simulation, peut être différent. S'il est une limite à l'utilisation des Environnements Virtuels pour les études de perception des impacts environnementaux des transports c'est en ce point qu'elle se trouve. Selon le type de population, il faudra identifier au préalable la forme de séquence la plus efficace pour effectivement prévoir ses réactions dans la réalité. En effet, il n'est pas possible d'être totalement certain que la réalité augmentée soit assurément la plus adaptée pour un groupe résidant dans une zone devant être réaménagée.

Dans la mesure où nous avons testé un groupe résidant sur le site simulé et un groupe de personnes vivant dans des lieux totalement différents, mais aussi que les tendances observées contribuent à démontrer que la séquence la plus adaptée à l'un est aussi la moins efficace pour l'autre, il est difficile de garantir quel serait le type de séquence idéal pour évaluer à priori les réactions de tout un groupe habitant un site commun, destiné à être transformé.

Ce type de recherche serait certainement très intéressant à réaliser pour compléter notre travail.

De même, d'autres perspectives de recherches sont envisageables au LSEE, avec différentes possibilités d'applications. Par exemple, la confrontation à une situation modifiée en laboratoire avec la même situation effectivement modifiée sur le terrain permettrait de définir la capacité de l’outil à prédire fidèlement les changements perçus. Ce laboratoire de simulation pourrait alors être utilisé pour évaluer la perception et l’acceptabilité d’aménagements aux abords d’infrastructures de transport avant leur construction (aspects psychologiques) et aussi dans le cadre de l’évaluation monétaire des nuisances environnementales (aspects économiques).

Pour ce qui est de la question de l'interaction entre l'utilisateur et la simulation, il serait utile de comparer différents types d’interaction entre l’utilisateur et l’interface, dans différents types de simulation, plus ou moins immersives. Comme nous l'avons déjà expliqué, envisager des paradigmes mettant en évidence l’utilisation de représentations mentales activées de manière concrète, diversifiée et selon différents niveaux de difficultés, nous semble nécessaire.

Il serait aussi particulièrement astucieux de chercher à créer et à tester des simulations qui induiraient une réaction totalement spontanée. Par exemple comme cela tend à être mis en place actuellement à Barcelone (Slater, M., Centre de Realitat Virutal, Universitat Politècnica de Catalunya), imaginer mettre en situation les participants dans une salle de restaurant, ou un appartement où une soirée aurait lieu, et où soudainement un événement imprévu serait déclenché (comme un incendie, une grande inondation,…). En fait, concevoir des scénarii apparemment anodins et familiers, mais impliquant une mise en danger imprévisible et soudaine. L'objectif serait de créer un contexte tout d'abord assez neutre, puis changeant brusquement pour induire une situation émotionnelle assez forte pour être instinctivement reconnue et universelle. Dans le cas où ces simulations pourraient provoquer des réactions spontanées identiques à celles qui seraient observées dans la réalité, il serait possible d'étudier le sentiment de Présence de façon plus approfondie, et de comprendre et définir les mécanismes cognitifs impliqués.

Deux questions restent en effet en suspens : pourquoi et comment le système cognitif peut-il être dupé par une simulation tandis que le sujet reste conscient de ne pas être dans un lieu réel? Enfin, à quel moment et par quel mécanisme est-il possible qu'à un instant donné, il soit concevable de croire comme réel ce qui est une représentation de la réalité, sans illusion explicable par un phénomène physiologique ?

Enfin l'infographie atteint aujourd'hui des niveaux de technicités très pointus, les images de synthèse produites sont très photo-réalistes et simulent la réalité de manière quasi-parfaite. L'utilisation de ces images est aussi une aide à la conception dans les domaines commercial et industriel. La question de la pertinence de leur utilisation, de leur cohérence et de leur valeur prédictive se pose de nouveau. Il devient alors important de comprendre comment se construit le jugement porté sur la simulation d'un objet particulier et non plus d'un environnement.