Les ambitions de ce travail

Le postulat est de dépasser ce que représente la famille d’un point de vue normatif au niveau du recueil de l’information lui-même. Pour cela, nous avons interrogé autant que possible, dans le cadre contraignant de ce recueil de données1, ce qui avait trait à la circulation de flux entre les jeunes adultes interrogés et chacun de leurs parents. Ces flux pouvaient être du domaine matériel en nature (biens, nourritures, logement…), soit du domaine financier (budget, aides financières…), soit du domaine relationnel (conversations téléphoniques, visite…). Ce sont donc bien les flux interpersonnels qui ont été pris en considération. Nous verrons aux détours des analyses que les représentations des enquêtés ont parfois eu raison de la déconstruction à laquelle nous avons tenté de nous livrer, y compris lorsque ce sont des pratiques concrètes qui ont été recensées.

Il n’y avait, autant que possible, aucun a priori sur la façon dont s’organisaient les échanges intergénérationnels entre les jeunes adultes et leurs parents. Cette description « à plat » de la façon dont les ressources parentales sont mobilisées au moment de l’accession de l’autonomie pour les jeunes adultes interrogés constitue à nos yeux une plus-value de ce travail.

Cela ne nous a pas pour autant amené à évacuer la subjectivité des acteurs pour comprendre comment pouvaient s’organiser ces liens entre les générations. Les normes concernant la famille s’imposent de façon impérieuse. Le divorce, la séparation des parents, sont vécus à ce titre comme une déviance qui oriente l’action des acteurs qui y sont confrontés. Les stratégies développées en réponse à cette expérience et aux contextes d’existence qui en découlent sont autant d’éléments qui nous permettent d’apprécier ce qui se joue dans les relations familiales, sur les attentes qui y sont associées.

En abordant ces dimensions à partir du concept de socialisation, nous espérons à la fois expliciter les dimensions de contexte et leur importance dans la construction des trajectoires des jeunes adultes, tout en approchant les spécificités de leurs représentations à l’épreuve de l’objectivation et de la reconfiguration des liens familiaux consécutifs de la séparation des parents.

La lecture de ce travail doit permettre d’approcher la notion de liens familiaux, et plus largement celle de la famille, au-delà de leurs descriptions factuelles ou de la place que les représentations individuelles et sociales veulent bien leur octroyer.

Notes
1.

Voir la partie « Méthodologie du recueil des données », p 49.