Choix des terrains de l’enquête par questionnaire

Un certain nombre de choix ont du être effectués pour déterminer les terrains d’enquête. L’objectif principal - interroger toutes les catégories de jeunes entre 18 et 30 ans - a d’abord imposé une diversité de populations telle qu’un resserrement du contexte d’enquête s’imposait. Dans un souci de rendre comparables les pratiques urbaines des enquêtés, nous avons opté pour l’observation de Lyon et de ses communes limitrophes20. L’agglomération lyonnaise, entendue dans ce sens restreint, donne la possibilité d’analyser les usages de la ville des jeunes de 18-30 ans dans un contexte offrant des distances et une accessibilité comparables aux divers équipements et lieux de sorties.

En plus de cette option consistant à délimiter l’aire géographique de l’enquête, un autre dilemme se posait à propos de la localisation des personnes susceptibles de répondre au questionnaire : soit elles étaient choisies de façon aléatoire sur l’ensemble du territoire défini, soit elles étaient sélectionnées dans quelques secteurs limités représentatifs dans leur ensemble de la composition de l’ensemble de la population de l’agglomération.

La première solution présentait l’avantage d’une facilité de passation puisqu’il était ainsi possible de disposer d’une base de sondage très importante. Néanmoins, les inconvénients étaient majeurs. La diversité des contextes de résidence, incontrôlable en cours de passation, ajoutait des facteurs multiples -difficilement contrôlables d’un point de vue statistique- aux critères d’explicitation des pratiques d’une population aux multiples cas de figures. Ce choix rendait en particulier difficile l’explicitation des usages de la ville autour d’un quartier ou au contraire en direction du centre de Lyon. Aussi, en dépit des difficultés engendrées dans la captation des populations à enquêter, nous avons préféré élaborer un protocole permettant un contrôle en matière de localisations et de contextes urbains.

Le critère de choix des zones à enquêter était donc tel qu’elles puissent « faire système » en tant que quartiers. Au-delà du découpage administratif en unité territoriale, nous avons sélectionné des secteurs dont la réalité est perçue et nommée par ses habitants en tant qu’entité. Selon Yves Grafmeyer[1991], l’individualisation d’un quartier, secteur de la ville, peut ainsi être consolidée par diverses caractéristiques physiques qui en font un site aux limites fortement soulignées par la présence d’un cours d’eau, d’une voie ferrée, d’artères à grande circulation, de terrains vagues, etc. L’identité d’un quartier est également renforcée par la netteté des contours combinée avec une originalité architecturale aisément perceptible et la présence de divers monuments ou emblèmes locaux. La répartition non aléatoire des quartiers sur le territoire de l’agglomération lyonnaise est avérée [Grafmeyer, 1991], et leurs identités sont diverses. Certains quartiers, au sens administratif du terme, ne sont pourtant que des « morceaux de ville »21, sans centre ni contours bien déterminés en termes de pratiques urbaines, sans dénomination spécifique par leurs habitants.

Devant cette hétérogénéité, notre souci a été tout d’abord de choisir des quartiers qui rendent compte de la diversité des cas de figure en fonction de 8 grands critères : l’ancienneté du bâti, la taille des logements, l’habitat horizontal ou vertical, la proportion de logement sociaux, les positions socioprofessionnelles des personnes de référence des ménages, la proportion de jeunes de 18-30 ans, la proportion de cohabitants chez les 18-30 ans, la plus ou moins forte prégnance d’une identité de quartier.

Par ailleurs, il fallait que ces terrains accueillent des populations de jeunes de 18-30 dont les caractéristiques en termes d’âge, de statut d’activité et de type de ménage occupé rendent compte à la fois de la diversité des contextes mais restent représentatifs au niveau de l’agglomération22.

D’un point de vue pratique, nous avons eu recours aux découpages administratifs de l’INSEE pour définir avec précision les limites des secteurs enquêtés en sélectionnant entre trois et sept IRIS par terrain, suivant la proportion de jeunes 18-30 ans et leur pertinence en tant que quartier. L’IRIS (dénommé IRIS 2000) constitue la zone minimale pour la diffusion à tout public des comptages, listes et tableaux du RP 99 (hors variables sensibles) et du fichier logement. Il concerne les communes de plus de 5 000 habitants23. Cette unité regroupe un ensemble d’îlots et constitue une zone d’environ 2000 habitants.

Grâce à une connaissance notable des quartiers de l’agglomération lyonnaise d’une part, et sur la base des données INSEE du recensement 1999 concernant la composition des IRIS d’autre part, nous avons déterminé une série de 6 quartiers.

Notes
20.

Cette définition restreinte de l’agglomération lyonnaise est appliquée à chaque fois qu’elle est mobilisée dans le cadre de l’enquête par questionnaire.

21.

Grafmeyer, 1991

22.

Voir p 60 le tableau des quotas.

23.

Informations disponibles sur le site Web de l’INSEE.