La phase de passation

La phase de passation du questionnaire dans sa forme finale a débuté le 28 mai 2003 avec l’équipe de 10 enquêteurs constituée lors du pilote. Ensuite, une deuxième équipe a été formée selon les mêmes protocoles que la première, puis une troisième, portant à 30 le nombre d’enquêteurs27. L’importance de l’équipe d’enquêteurs, encadrés au jour le jour par l’équipe « Les Etudiants et la Ville » et les superviseurs de la société de téléphonie28, a permis de réaliser jusqu’à 100 interviews dans la même journée. La deuxième quinzaine de juin a vu apparaître les premières difficultés dues à un problème d’approvisionnement en fichier de numéros de téléphone dans un premier temps, puis à une difficulté à trouver sur les terrains concernés des jeunes correspondant aux quotas demandés.

Constitués sur la base des données globales décrivant les populations de chaque terrain, les quotas rendaient compte des proportions en termes d’activités (actifs, en formation ou chômeurs), de ménages (cohabitants, seuls, en couple ou en colocation) et d’âges (pour chaque âge entre 18 et 30 ans)29. L’objectif était d’enquêter entre 138 et 142 personnes par terrain d’enquête, ce qui laissait une légère marge de manœuvre pour compléter le corpus. Entre ces quotas très précis et les limites des fichiers téléphoniques, la fin de l’enquête a nécessité beaucoup de ténacité pour compléter les derniers individus recherchés. Malgré un excellent taux de réponses lorsque les profils des personnes correspondaient aux quotas, certaines journées n’ont parfois donné qu’un seul questionnaire par enquêteur. Ces difficultés nous ont amené à élargir quelque peu deux des terrains d’enquête, Gerland et Ecully, en choisissant les IRIS qui soient compris dans les quartiers qui étaient initialement définis. Les derniers questionnaires ont finalement été administrés le samedi 28 juin 2003, soit exactement un mois après le premier questionnaire définitif.

Le questionnaire définitif administré contenait plus de 750 questions. Bien que n’étant pas posées dans leur totalité à tous les enquêtés, elles ont engendré un temps de passation important. Sur les 853 questionnaires administrés, le temps moyen de passation est de 55 mn, soit 10 mn de moins que lors du pilote. Pour être plus précis, le temps médian de passation est de 53 mn. Ces repères recouvrent une réalité plus nuancée : le temps de passation le plus court est de 29 mn, tandis qu’on atteint 100 mn pour le plus long. Cette amplitude de 70 mn dépend surtout des profils des personnes interrogées. Les cohabitants n’ayant jamais quitté le domicile parental, sans petit ami, n’ayant jamais travaillé et à peine entrés dans les études supérieures constituaient les profils de personne les plus courts en terme de temps de passation du questionnaire. En revanche, lorsque le parcours résidentiel était complexe, fait de ménages aux compositions diverses, de présence d’un conjoint et d’enfant, d’une activité professionnelle doublée d’une activité de formation, le temps de passation pouvait atteindre une heure et demie… Loin de catégoriser dès le départ les individus interrogés, le questionnaire est fait de telle sorte que chaque profil a trouvé, au fur et à mesure de son élaboration et des phases de test, une configuration permettant de prendre en considération la diversité des positions et des itinéraires.

C’est à partir des données ainsi recueillies – entretiens semi-directifs et questionnaires – que nous avons pu mener des analyses où sont comparés les jeunes adultes issus de parents séparés et ceux dont les parents sont restés unis. Elles sont mobilisées pour analyser la spécificité des pratiques de ceux issus de parents séparés, en cherchant à comprendre, sur différentes dimensions de leurs trajectoires, si l’expérience familiale de la séparation du couple des parents a pu constituer – et dans quelles mesures – un élément prépondérant orientant les pratiques et le rapport au monde des jeunes adultes qui y ont été confrontés.

Notes
27.

La deuxième et la troisième équipe ont été formées début juin 2003.

28.

Présents quotidiennement, les chercheurs ont permis de trancher les cas litigieux sur le moment. L’écoute permanente des interviews téléphoniques a également permis un certain nombre de précisions tout au long de la passation. Cette présence des chercheurs a de toute évidence eu un effet bénéfique quant à l’investissement des enquêteurs dans cette enquête. Peu coutumiers de l’administration de si longs questionnaires, ils ont pourtant fait preuve d’une grande écoute et d’une dextérité certaine pour maintenir l’attention des enquêtés. Nombreux sont ceux qui nous ont témoigné leur intérêt pour cet exercice pour eux rare.

29.

Voir les quotas demandés p 60.