Statut d’activité : les étudiants toujours plus aidés

Structurellement, la répartition des statuts d’activité entre actifs, étudiants et ceux sans activité est très semblable entre les jeunes adultes issus de parents séparés et les autres. La proportion d’étudiants est identique alors même que le critère de séparation des parents n’entrait pas en ligne de compte dans les quotas qui ont permis de constituer l’échantillon d’individus interrogés.

Tableau 4. Statut d'activité des jeunes adultes suivant la situation matrimoniale de leurs parents (%)
  Parents séparés Parents mariés
Actifs occupés 56 55
Etudiants 32 32
Sans activité 12 13
Total 100 100

N=831

A structure de population équivalente en matière de statut d’activité, la part de ceux aidés financièrement par leurs parents ne varie pas réellement suivant le statut matrimonial des parents. Les étudiants restent massivement les plus aidés (pour pratiquement les deux tiers d’entre eux). Ceux qui sont sans activité (qu’ils soient en recherche d’emploi ou dans une situation autre) sont, comparativement très peu aidés, si l’on considère qu’ils sont à priori sans ressource personnelle. Ils le sont un peu plus quand les parents sont mariés, mais la différence n’est pas significative. Lorsque le statut d’étudiant cesse, les parents sont donc très peu nombreux à apporter un soutien financier régulier à leurs descendants. Il semblerait ainsi que ce n’est pas tant la question de la fonction nourricière qui soit à l’origine du prolongement des transferts financiers des ascendants vers les descendants directs, puisqu’elle devrait s’exercer tant que les jeunes adultes ne présentent pas des moyens de subsistance propres et donc une certaine autonomie financière. Au lieu de cela, comme nous l’avons déjà remarqué, c’est d’abord le statut social de l’activité occupée qui oriente la prodigalité des parents, qu’ils soient ou non séparés.

Tableau 5. Aide financière régulière des parents suivant leur situation matrimoniale et le statut d'activité des jeunes adultes (%)
  Parents séparés Parents mariés
  aide financière d'au moins un parent33 aide financière des parents
Actifs occupés 8 9
Etudiants 65 65
Sans activité 13 15
Ensemble 27 27

N=853

L’on pouvait pourtant supposer une différence de traitement concernant les familles confrontées à une désunion. En effet, les perspectives familiales de transmission d’une position sociale apparaissent comme plus floues à partir du moment où précisément, cette position est brouillée par l’apparition de deux pôles de référence au lieu d’un. De plus, là où le couple des parents pouvait avoir une stratégie éducative concertée, ce qui est susceptible de peser d’un poids important dans la mesure où elle se présente comme « allant de soit », les parents séparés peuvent avoir des modes d’investissements éducatifs et financiers dans des perspectives discordantes. Apparemment, il n’en n’est rien : les parents séparés, comme ceux mariés, considèrent que leur fonction nourricière s’arrête là où les jeunes adultes ne sont plus dans une démarche de valorisation de la famille d’origine : lorsqu’ils ne sont plus étudiants, les jeunes adultes sont alors censés trouver des financements par eux-mêmes, quels que soient par ailleurs leurs revenus. A ce critère des études, il faut ajouter que tendanciellement, les étudiants sont plus jeunes que ceux actifs ou même sans activité ; et l’âge est un critère synthétique corrélé au fait de bénéficier d’une aide financière de la part des parents.

Notes
33.

Dans les analyses présentées dans cette partie, il s’agit de prendre la mesure de l’indépendance financière des jeunes adultes vis-à-vis de la sphère parentale. À ce titre, il suffit qu’un seul des deux parents séparés octroie une aide financière pour considérer que le jeune adulte dépend financièrement de ses ascendants. La question ne se pose évidemment pas dans les mêmes termes lorsque les parents vivent ensemble puisqu’il n’est pas possible, en théorie, de distinguer si l’aide vient du père ou de la mère.