L’aide financière varie en fonction de la position sociale des parents

Nous avons procédé à la construction d’un indice de niveau social qui permette de prendre en compte à la fois les caractéristiques des pères et des mères. Cette méthode nous permet en effet de voir si globalement, il existe une corrélation entre les caractéristiques sociales des parents et leur propension à aider financièrement leurs enfants, toutes situations matrimoniales confondues.

Cet indice est élaboré à partir de la fusion des deux catégories socioprofessionnelles d’appartenance des parents – où la catégorie la plus haute a été retenue – , du diplôme de la mère – variable mieux renseignée que celle du père – et le salaire du père, plus significatif dans la mesure où c’est plus souvent lui qui travaille, avec un salaire est le plus élevé.

Remarquons préalablement que le fait de ne retenir que les parents pour lesquels les dimensions sociales sont déclarées tend à faire augmenter la proportion des jeunes adultes aidés financièrement par leurs parents36. Cela tient à la corrélation qui existe entre perte du lien et aide financière, sur laquelle nous reviendrons. Il a été constaté que c’était plus spécifiquement dans les milieux les plus populaires que les dimensions qui constituent l’indice étaient le moins renseignées, ce qui irait de concert avec l’observation selon laquelle ce sont dans ces milieux que la part des pères sans lien déclarés est la plus importante. Soulignons ainsi que les réponses présentées dans ce tableau sont celles de jeunes adultes pour lesquels la hiérarchie des milieux sociaux d’origine est décalée vers le haut par rapport à la répartition effective de la population observée.

Graphique 1. Aide d'au moins un parent en fonction du niveau social de la famille d'origine.
Graphique 1. Aide d'au moins un parent en fonction du niveau social de la famille d'origine.

N=42937.

La relation entre le niveau social de la famille d’origine et le fait d’octroyer ou non une aide financière régulière aux jeunes adultes est très significative : plus on est issu d’un milieu social favorisé, plus on a de chance de bénéficier d’une aide financière de la part des parents [Eicher et Gruel, 1996 ; Erlich, 1998]. Ainsi, lorsque l’on est issu des milieux les plus favorisés, la probabilité de bénéficier d’une aide financière des parents est quatre fois plus importante que lorsque l’on est issu de milieu populaire. La réussite scolaire et universitaire dépend déjà du milieu des parents et de leur proximité avec la culture légitime [Bourdieu et Passeron, 1964, 1970], mais l’on peut ici constater le cumul des facilités, puisque c’est aussi dans ces milieux que l’on aide le plus facilement ses descendants, les allégeant des contingences économiques lors de la poursuite des études et de leur installation dans la vie active.

La séparation des parents est un élément de la biographie des parents qui tend à modifier de façon significative les milieux sociaux tels que nous avons pu les appréhender. La baisse du pouvoir économique concomitante à la séparation en est un élément structurel, mais elle n’est pas la seule évolution possible. Il n’est pas possible d’approcher cette question sur la base de l’indice construit en raison des effectifs trop restreints qui tiennent à l’importance des données manquantes pour ces dimensions. Toutefois, à travers l’analyse de différentes variables de position des parents, nous pouvons voir en quoi la séparation des parents peut entraîner des comportements différents quant à l’aide financière apportée aux descendants.

Notes
36.

La part des jeunes adultes aidés par leurs parents est en effet 27 %, contre 33 % pour ceux qui ont répondu à l’ensemble des informations qui constituent l’indice de niveau social des parents.

37.

La complexité de l’indice de niveau social des parents, qui porte sur le plus haut niveau de diplôme des parents, le niveau d’étude de la mère et le niveau de revenu du père, entraine un nombre de non réponses très important, chaque chaine d’information où une réponse manque étant codé en non réponse. En particulier, le revenu des pères, choisi en raison de sa moyenne plus élevée que celui des mères – et a priori plus représentatif - est particulièrement mal renseigné avec 41 % de non réponses.