Eléments d’explications à la présence ou non d’une aide financière de la part des mères séparées

Entre la mère et son descendant, le fait d’entretenir ou non des relations suivies ne semble pas en lien avec l’attribution d’une aide financière. Si des relations distendues ne favorisent pas un transfert financier intergénérationnel, des relations très suivies n’ont pas comme conséquence de développer la part des jeunes adultes aidés par ces mères séparées. Il est difficile de dégager une tendance claire, ce qui nous laisse supposer que ces aides ne sont pas attribuées en fonction de ce type de critère. Seuls 8 enquêtés sur les 850 interrogés54 n’ont plus de relations avec leur mère, et cette situation extrême entraîne alors la rupture d’une transmission financière. Il s’agit de situations conflictuelles plus marginales dont on ne peut tirer de conclusion comme cela était possible lorsqu’il y a rupture de lien avec le père.

Tableau 12. Présence d'une aide financière maternelle suivant l'indice des relations entretenues entre elle et le jeune adulte décohabitant (%)
Aide financière de la mère pas d'aide financière de la mère Total
pas de relation (indice = 0)   100 100
Relations distendues (indice 1-2) 16 84 100
Relations suivies (indice 3-4) 28 72 100
Relations très suivies (indice 5 à 10) 10 90 100
Ensemble 15 85 100

population des mères séparées sans veuves (n=173)

L’attribution par les mères d’une aide financière à leur descendant ne dépend pas des mêmes critères que pour le père. En effet, la question du revenu est centrale : en dessous de 1100 euros mensuels, la part des mères qui donnent de façon régulière à leur descendant est très faible. Par contre, à partir de 1 100 euros, la part des mères qui attribue une aide financière régulière à leur enfant semble stable.

Tableau 13. Présence d'une aide financière maternelle aux décohabitants
Tableau 13. Présence d'une aide financière maternelle aux décohabitants suivant son revenu (%)

Sous-population des mères séparées sans veuves (n=173)

Il existerait ainsi un seuil structurel au-dessus duquel il est possible de dégager de l’argent pour financer les jeunes adultes en voie d’autonomisation. Il s’agirait alors d’y avoir systématiquement recours, quelle que soit la fréquence des contacts. Seul le montant varierait.

Le devoir nourricier que suppose la parentalité apparaît ici essentiellement porté par les mères, l’implication du père dépendant plus volontiers de l’exercice de la relation elle-même. C’est ce caractère optionnel qui semble fragiliser les jeunes adultes qui y ont été confrontés.

Pour résumer

Les ressorts de l’aide financière que les parents allouent à leurs descendants ne sont pas les mêmes suivant la situation matrimoniale des parents. Lorsque l’union des parents est maintenue, ce sont les niveaux de revenus, mais également de diplôme ou de catégories socioprofessionnelles qui sont corrélés à l’aide apportée.

La rupture du couple parental remet en question ces mécanismes d’entraide intergénérationnels et révèle des comportements paternels et maternels différents. L’aide qu’apportent les pères dépend pour une large part de la relation qu’ils entretiennent avec les jeunes adultes, tandis que pour les mères, cette dimension relationnelle entre moins souvent en ligne de compte et qu’il s’agit d’abord pour elles d’avoir les moyens minimaux qui leur permettent de dégager une aide financière régulière, laquelle est alors octroyée. C’est sur elles que repose principalement le devoir nourricier de la fonction parentale.

Notes
54.

Et dont la mère est encore vivante.