Le père et le rapport à la nourriture

Le choix a été fait, lors de l’élaboration du questionnaire, d’inciter les enquêtés à distinguer les pratiques maternelles de celles paternelles. Même si pour les jeunes adultes dont les parents vivent ensemble la différenciation des pratiques entre leurs parents est moins évidente, la question de la nourriture apparaît comme un domaine suffisamment sexué pour qu’une distinction soit possible dans la plupart des cas. Néanmoins, la perception de leurs parents comme une entité homogène tend a priorià majorer la part des pères qui donneraient de la nourriture. Ces précautions prises quant à l’interprétation des résultats, nous pouvons constater dans les pères sont dans l’ensemble beaucoup moins souvent donateurs que les mères (- 20 points), ce qui laisse penser que les enquêtés ont opéré une distinction entre leurs deux parents.

Tableau 24. Dons de nourriture de la part du père suivant sa situation matrimoniale (%)
  don de produits  aucun produit  Total
Pères séparés 7 93 100
Pères mariés 22 78 100
Ensemble des pères 19 82 100

Sous-population des décohabitants, n=557.

Mais cette différence dans le comportement est surtout l’apanage des parents séparés : l’écart observé entre le père et la mère désunis est de 24 points. Les pères séparés sont très peu nombreux à fournir des denrées alimentaires à leurs enfants lorsque ceux-ci viennent en visite. La séparation pouvait hypothétiquement amener le père à prendre une part active dans l’alimentation du jeune adulte : il n’en n’est rien. Ce que nous avons pu observer pour les mères séparées est accentué pour les pères de ces familles : la désunion des parents amoindrit la fonction nourricière des parents, pour le père plus encore que pour la mère. Le père ne semble pas réinvestir ce rôle plus volontiers maternel en l’absence de sa protagoniste.