Chapitre 6 Hypothèses autour du rapport au logement des enfants de parents séparés

Il existe peu de travaux, dans la littérature sociologique, qui traitent de façon centrale la question du rapport au logement. Les recherches se développent autour de la notion de quartier, de la proximité ou de la distance entre les personnes, mais les fondements des rapports que les individus peuvent entretenir avec leur logement sont éludés.

La question de l’hospitalité constitue un angle d’approche de ces dimensions : à quel titre, dans quelles circonstances et à quelles conditions accorde-t-on l’hospitalité à autrui ? Les réponses à ces questions complexes peuvent dessiner le contour de ce que « occuper un logement » signifie. Anne Gotman [2001] aborde la question de l’hospitalité comme une pratique sociale, où se négocient des rapports interpersonnels. C’est ainsi plus volontiers la dimension relationnelle qui est abordée, et non la dimension du rapport de l’individu aux lieux qu’il fréquente au quotidien.

Rendre compte du rapport au territoire pourrait se faire à travers la notion d’hébergement, qui dessinerait les contours de ce qu’héberger signifie pour celui qui détient le logement au regard de ce qu’être hébergé peut représenter pour le bénéficiaire. Mais là encore, les rares travaux en sociologie sur la question [Grafmeyer, 1999] s’intéressent plus à ce que cette étape peut signifier dans une trajectoire résidentielle qu’à ce qu’implique l’absence de logement pour un individu, par exemple.

Il est donc difficile de s’appuyer sur des travaux existants pour élaborer une réflexion sur le rapport de l’individu à son logement. Mais nous pouvons nous construire un raisonnement logique pour tenter d’approcher cette question.

Au regard de notre objet d’étude, l’interrogation sous-jacente est de savoir si le fait d’occuper plusieurs logements est une difficulté pour un individu. En effet, les enfants dont les parents se sont séparés et qui ont continué à avoir des relations avec chacun d’entre eux se sont vus désigner deux domiciles distincts. Dans la mesure où le lieu habité, avec les autres personnes qui constituent la maisonnée, participe à la définition de l’identité de la personne, on peut supposer que deux unités de vie donnent lieu à deux facettes de l’identité. Comment ces deux dimensions cohabitent-elles ?