Expérience de la mobilité résidentielle : s’imaginer partir.

Nous avons fait l’hypothèse que les formes des expériences résidentielles des jeunes adultes et de leurs parents séparés pouvaient engager des comportements résidentiels spécifiques. Le fait d’avoir déjà quitté un foyer parental uni, et potentiellement expérimenté des lieux de vie multiples, pouvait être un élément qui change l’univers des possibles des jeunes adultes en matière de décohabitation.

A l’analyse, la mobilité résidentielle des parents séparés apparaît effectivement plus importante que celle des parents mariés70.

Graphique 15. Indice sur le nombre de déménagements des parents depuis la naissance des enquêtés (cohabitants et décohabitants)
Graphique 15. Indice sur le nombre de déménagements des parents depuis la naissance des enquêtés (cohabitants et décohabitants)

Dans le cas de la séparation des parents, la forte mobilité de la mère est corrélée à une décohabitation plus précoce que lorsqu’elle est faible71. En revanche, lorsque les parents sont restés ensemble, le fait qu’ils aient plus ou moins déménagé (toujours moins que les parents séparés) n’introduit guère de variation quant à l’âge de la décohabitation.

Tableau 32. Précocité de la décohabitation suivant l'indice de mobilité résidentielle des mères séparées et des parents mariés (%)
  Mères séparées Parents mariés
  décohabitation précoce (<22 ans) décohabitation précoce (<22 ans)
mobilité faible (indice 0, 1, 2) 58 69
mobilité importante (indice 3 et plus) 74 69
Ensemble 64 69

Pour autant, la mobilité des parents ne semble pas avoir une influence significative sur le fait de décohabiter localement. Une grande mobilité résidentielle de la mère va plutôt aller de pair avec une décohabitation locale, mais les effectifs mobilisés sont trop faibles pour que l’écart observé soit significatif72.

Tableau 33. Indice de mobilité résidentielle des mères séparées et type de décohabitation (%)
  Décohabitation locale Décohabitation délocalisée Total
mobilité faible 52 49 100
mobilité importante 56 44 100
Ensemble 53 47 100

N=29

Ainsi, si une grande mobilité des parents peut avoir des conséquences sur la forme prise sur la décohabitation lorsqu’il y a eu séparation, c’est sur sa précocité qu’elle s’exerce. Nous ne sommes pas en mesure d’établir à partir de nos données qu’il y ait corrélation entre l’expérience résidentielle des parents séparés et une décohabitation locale.

Notes
70.

La moyenne et la médiane de l’indice concernant la mobilité résidentielle des parents mariés sont respectivement de 1,19 et 1, tandis que pour les mères séparées, elles sont de 2,23 et de 2, et pour les pères séparés de 2,13 et de 2 (Voir Tableau 69 p 351). De plus, l’écart type est plus élevé concernant les parents séparés (1,37 contre 0,88), ce qui implique une plus grande diversité des situations, laquelle réside en particulier dans le chiffre élevé que peut atteindre l’indice de mobilité résidentielle quand il y a eu séparation.

71.

La tendance observée est la même, dans des proportions comparables, lorsqu’on étudie la mobilité résidentielle du père par rapport à l’âge à la décohabitation (voir Tableau 70 p 351 en Annexe).

72.

Il en va de même lorsqu’on analyse le lien entre mobilité résidentielle du père et localisation de la décohabitation : l’écart va dans le même sens mais il reste trop faible pour être significatif (N=126).