La présence d’un beau-parent : accélérateur de décohabitation ?

Parmi les éléments susceptibles d’expliciter ces plus fréquents départs « de voisinage » des jeunes adultes de parents séparés, la présence d’un beau-parent au domicile parental de référence représente une piste. Facteur de relations plus conflictuelles au domicile du parent [Villeneuve-Gokalp, 2005], la présence d’un beau-parent expliquerait que les jeunes adultes qui y sont confrontés décohabitent non pas pour des motifs extérieurs – professionnels ou affectifs – mais parce que le climat conflictuel au domicile parental les y engagerait. La conséquence en serait une décohabitation locale, n’ayant aucune raison particulière de s’éloigner une fois un logement indépendant acquis.

Les données dont nous disposons dans notre enquête ne vont pas dans ce sens : le fait de décohabiter localement n’est pas fonction de la présence d’un beau-parent au domicile maternel73. Dans un cas comme dans l’autre, la part des décohabitations locales est nettement inférieure pour les jeunes adultes dont les parents vivent toujours ensemble.

Tableau 34. Type de décohabitation et âge à la décohabitation suivant la configuration du ménage du ou des parents (% colonne)
  Mère remise en couple (présence d’un beau-père) Foyer monoparental Parents vivant toujours ensemble
Type de décohabitation      
locale 55 57 40
délocalisée 45 43 60
Age au moment de la décohabitation      
18 ans et moins 30 29 34
De 19 à 21 ans 36 30 35
22 ans et plus 34 42 31

Sous-population : Décohabitants, dont la séparation des parents antérieure ou contemporaine à celle de la décohabitation pour ceux issus de parents séparés.

Les résultats que nous trouvons à l’échelle locale vont également à l’encontre de ce que l’on peut identifier au niveau national [Villeneuve-Gokalp, 2005] : la présence d’un beau-parent paraît ne jouer qu’un rôle secondaire pour les décohabitations les plus précoces. Néanmoins, celles qui ont lieu entre 19 et 21 ans inclus – soit avant l’âge des décohabitations locale massives74, mais après celles pour études – sont majorées lorsqu’un beau-père est présent au domicile avant décohabitation par rapport aux foyers monoparentaux. Mais mises en perspective avec les âges à la décohabitation pour les enfants issus de parents mariés, force est de constater que les répartitions des âges à la décohabitation évoluent de la même façon suivant qu’il y ait deux parents ou un beau-parent au domicile parental.

En revanche, les foyers monoparentaux présentent un certain retard à la décohabitation, tout se passant comme si ceux-ci exerçaient une certaine attractivité ou une forme de captation des jeunes adultes. Nous faisons l’hypothèse qu’il est plus difficile pour ces populations, à l’âge où il ne s’agit plus de partir sous prétexte d’éléments extérieurs comme la poursuite d’étude, d’affirmer une prise d’indépendance en laissant son parent hébergeant seul. Les conditions financières minimum peuvent également ne pas être disponibles.

Notes
73.

Le domicile de décohabitation supposé sera ici aussi celui de la mère.

74.

51 % des décohabitations ont lieu après 21 ans (voir Graphique 56 p 350).