Point méthodologique

Il faut souligner que l'évaluation des pratiques du téléphone s’est faite sur la base des déclarations des jeunes adultes de 18-30 ans interrogés par questionnaire. L’information est soumise au souvenir qu'ils en ont et à la généralisation qu'ils font pour synthétiser afin de répondre aux questions posées. Cette information, pour imparfaite qu’elle soit, présente en revanche l’avantage d’interroger des représentations de pratiques plus qu’une opinion très subjective sur les relations entretenues avec chacun de ses parents. Nous verrons lors de l’analyse des entretiens combien ces dimensions constituent des enjeux centraux pour définir la relation intergénérationnelle ainsi que la place et la fonction tenues par les parents. A ce titre, ces dimensions autour des échanges téléphoniques constituent des analyseurs pertinents.

Les dimensions du lien téléphonique qui sont interrogées sont : la fréquence des conversations téléphoniques, les thèmes abordés, la durée des appels ainsi que l’identification de l’initiateur des communications. Les communications téléphoniques concernées sont celles effectuées entre le jeune adulte décohabitant et chacun de ses parents. Pour ceux dont les parents sont mariés, il était demandé de préciser comment se déroule généralement les communications téléphoniques avec leurs parents : à trois ou avec chacun à des moments différents.

Pour compléter ces dimensions, deux mesures ont été requises : le nombre d’appels passés aux amis dans les huit derniers jours et le nombre d’appels passés à l’ensemble de la famille (à savoir, en plus des parents, les frères et sœurs principalement mais également les grands-parents et autres membres de la famille). [Pour voir les détails des questions, se reporter en annexe p 353]

Les tableaux et graphiques présentés dans sur les relations téléphoniques sont constitués sur la base d’une sous-population de jeunes adultes de 18-30 ans décohabitants, à l’exception de ceux qui ont un parent veuf, ceux-ci étant soustraits de la base de données pour ces analyses. Les tableaux présentés ne concernent donc que les jeunes adultes ayant encore leurs deux parents vivants, ce qui ne sera pas reprécisé à chaque présentation de résultats.

L’effectif observé est de 557 individus, dont 128 déclarent que leurs parents sont séparés, tandis que pour les 429 autres, les parents vivent ensemble. Puisqu’ils sont mariés dans 98 % des cas, nous utiliserons indifféremment les expressions « parents ensemble » et « parents mariés » pour une plus grande fluidité dans l’écriture.

Ce choix méthodologique consiste à interroger d’une part les communications téléphoniques entre les jeunes adultes et leur père, et d’autre part, celles entretenues avec leur mère. Il repose sur une approche théorique qui veut rendre compte des relations entre ascendants et descendants sans a priori quant à l’organisation des relations. Il amène une certaine déconstruction un peu artificielle pour certains enquêtés qui n’avaient pas envisagé les rapports avec leur père indépendamment de ceux de leur mère. Cela constitue une limite, mais les avantages du choix de cette méthode compensent, à notre sens, cet inconvénient. Elle permet d’aborder la question de la famille sous l’angle des pratiques et non par rapport à une norme. Cette déconstruction permet d’approcher une réalité des situations souvent filtrée par un mode de recueil de l’information structuré selon des représentations normées de la famille nucléaire.