Chapitre 9 Les variations des configurations des échanges téléphoniques suivant les caractéristiques des ascendants et des descendants

Introduction : Caractéristiques des interlocuteurs en population générale

Les principaux interlocuteurs avec lesquels on entre en communication téléphonique sont des personnes avec lesquelles on a soit une relation de parenté, soit une relation amicale, de voisinage, de travail ou d’étude. Il peut encore s’agir de simples connaissances ou d’entreprises auxquelles on s’adresse dans un but utilitaire87. Les appels téléphoniques reçus ou émis peuvent l’être également dans le cadre professionnel.

Graphique 18. Répartitions de la nature des interlocuteurs par quinzaine
Graphique 18. Répartitions de la nature des interlocuteurs par quinzaine

Source : Enquête sur les pratiques téléphoniques des Français, France Télécom, 1997. Chiffres extraits de l’article de C.A. Rivière : Le téléphone, facteur d’intégration sociale, Economie et Statistiques, 2001. p 8.

Sur une période d’observation de quinze jours, il est possible d’avoir une estimation de la diversité des interlocuteurs et de la part qu’ils représentent suivant le type de relation entretenue avec eux. Considérant toutes les communications téléphoniques sur cette période, celles qui concernent les communications à but purement utilitaire constituent 17 % des contacts téléphoniques. La très grande majorité des appels est donc effectuée avec des personnes que l’on connaît, avec lesquelles un lien préexiste.

Selon d’autres sources, qui ne s’intéressent qu’aux communications téléphoniques pour lesquelles l’interconnaissance préexiste [Claisse & Rowe, 1993], la sociabilité téléphonique familiale concernerait plus de 43 % des correspondants. Une large part des communications téléphoniques relationnelles intéresse donc la famille. Précisons qu’en population générale, 80 % des appels à destination de la famille sont à destination des membres de la famille nucléaire, à savoir les ascendants ou les descendants directs.

Cette répartition générale des appels varie toutefois grandement en fonction des attributs sociaux des personnes : hommes et femmes n’ont pas les mêmes pratiques téléphoniques, et les réseaux de sociabilité téléphoniques changent de morphologie suivant le milieu social d’appartenance [Réseau n° 103, 2000, Claisse et Rowe, 1993]. La période dans le cycle de vie constitue également un élément qui voit varier les pratiques téléphoniques.

Si les échanges téléphoniques sont socialement différenciés, qu’en est-il de l’usage du téléphone des jeunes adultes de 18-30 ans, population étudiée dans le cadre de cette recherche ? Dans quelles mesures leur utilisation du téléphone varie-t-elle et selon quels critères ?

Nous nous interrogerons dans un premier temps sur les mécanismes qui structurent les différentes formes de sociabilités téléphoniques des jeunes adultes.

Dans un deuxième temps, nous établirons en fonction de quelles caractéristiques sociales les pratiques de ces jeunes adultes varient.

D’un point de vue méthodologique, nous avons observé les jeunes adultes de 18-30 ans qui ont décohabité, lesquels présentent ainsi une base commune d’autonomie résidentielle vis-à-vis du domicile parental, ce qui permet en outre de mesurer les échanges téléphoniques entre les ménages des ascendants et des descendants.

Notes
87.

Voire la classification opérée par Carole-Anne Rivière [2001]