Plus la décohabitation est tardive, plus la fréquence des contacts téléphoniques avec la mère est élevée

La deuxième hypothèse, liée à la première, apporte des renseignements complémentaires. Ce n’est pas seulement le temps écoulé depuis la décohabitation qui est significatif pour comprendre l’évolution des rapports téléphoniques avec les parents. L’âge auquel les jeunes adultes ont quitté le nid familial l’est aussi dans la mesure où avoir vécu en tant qu’adulte chez ses parents semble développer des relations de proximité qui perdurent après la décohabitation. Au contraire, lorsque le départ a été précoce, les jeunes adultes se sont construits en tant que tels loin du quotidien des parents.

Graphique 25. Fréquences des contacts téléphoniques avec la mère
Graphique 25. Fréquences des contacts téléphoniques avec la mère en fonction de l'âge de décohabitation

Sous-population des 27-30 ans décohabitants depuis au moins 4 ans ; N=191.

A âge comparable (27-30 ans), à temps de décohabitation suffisamment long (au moins 4 ans), la fréquence des contacts téléphoniques mère/descendant est d’autant plus élevée que la décohabitation s’est faite tardivement. La relation de proximité qui s’est établie – dont on peut penser au vu des entretiens qu’il peut s’agir d’une certaine complicité – se maintiendrait plus volontiers après l’installation dans un autre logement lorsqu’elle a eu le temps de se tisser, de s’ancrer dans le quotidien des individus. En revanche, l’analyse de la fréquence des contacts téléphoniques avec le père suivant l’âge de la décohabitation ne présente pas de variation importante. Ces résultats montrent que la fréquence des contacts avec le père s’ancre sur des dimensions qui ne sont pas celles du lien entre mère et enfant. Elle semble assez peu dépendre de l’expérience de vie commune et serait donc d’autant plus souvent liée à la culture du téléphone des interlocuteurs qu’à spécificité de leur lien l’un vis-à-vis de l’autre. A contrario, la position de la mère est variable selon des critères qui échappent en partie à la question de la socialisation au téléphone. Suivant la nature des liens tissés entre elle et son enfant, le contexte dans lesquels ils se sont construits et le rôle qu’elle joue dans la prise d’autonomie des jeunes adultes, la fréquence des communications téléphoniques varie.

La question sous-jacente aux questions d’âge et de temps écoulé depuis la décohabitation interroge les dimensions de l’autonomisation des jeunes adultes. Les résultats révèlent à ce stade de l’analyse que plus le chemin vers l’autonomie de ces populations a été amorcé tôt, plus la fréquence des relations téléphoniques avec les parents – avec la mère en particulier – est faible. Ces échanges moins fréquents seraient ainsi l’expression d’une plus grande indépendance entre les deux générations.