Pères et mères : des comportements téléphoniques qui se complètent ou qui se ressemblent suivant les milieux

Les pères et les mères ont dans leur ensemble des comportements qui varient suivant un certain nombre de caractéristiques sociales, mais celles-ci correspondent à des tendances qui divergent, voire qui s’opposent. En observant attentivement la répartition des pratiques respectives des deux parents, il s’avère qu’en fait, dans les classes moyennes et supérieures, les comportements homme-femme tendent à se ressembler. Si les pères restent un peu moins souvent en contact téléphonique que les mères avec leurs descendants, leurs pratiques s’apparentent en définitive à celles des mères de cette catégorie qui ont une propension à téléphoner moins souvent que dans les classes populaires. Dans les catégories les plus dominées, les mères téléphonent très souvent tandis que les pères, plus fréquemment que dans les autres catégories, n’ont pas de contact téléphonique avec leur descendance. La répartition des rôles est alors très sexuée. Ces résultats corroborent ce qu’observe Olivier Galland [1997] dans les milieux où le père est ouvrier ou employé où les enfants ont plus fréquemment des discussions exclusives avec leur mère.

Ces constats prennent tout leur relief à la lumière des observations, déjà évoquées, d’une plus grande disparité des pratiques de la part des pères que de celle des mères. Mobilisées conjointement, ces informations nous amènent à constater que les jeunes issus des milieux les plus favorisés sont ceux qui ont le plus d’échange téléphonique avec leurs parents puisque la fréquence des contacts avec les pères augmente de façon significative tandis que celle avec les mères n’est qu’à peine moins importante. Ces jeunes adultes bénéficient ainsi d’un plus grand soutien téléphonique. Etant donné que d’autres situations se prêtent à des échanges relationnels – tels que les visites – nous ne pouvons conclure à un plus fort soutien parental. En revanche, le téléphone apparaît comme le support de communication favori des milieux privilégiés en ce qui concerne la sociabilité familiale.