Configurations familiales et régimes de communication téléphonique

Variation des comportements téléphoniques familiaux suivant la taille de la fratrie

Pour compléter ce rapport au téléphone très différent entre le père et la mère, nous pouvons comparer leur comportement dans le cadre d’un élément de contexte comparable : le nombre de frères et sœurs dans la fratrie. Il constitue un indicateur de milieu social mais également une information supplémentaire sur la disponibilité des parents à l’égard des jeunes adultes enquêtés. En effet, nous pouvons supposer qu’elle n’est pas la même à l’égard de chacun des enfants suivant qu’ils sont enfants uniques ou issus d’une fratrie de 4.

Cette hypothèse se vérifie en ce qui concerne la mère : lorsqu’il n’y a que l’enquêté, les conversations très fréquentes sont plus importantes que lorsqu’il y a des frères et sœurs, et plus le nombre de frères et sœurs est important, plus cette fréquence élevée de communication diminue. Cette tendance est globale : plus le nombre d’enfants est important, moins ils sont fréquemment en contact téléphonique avec leur mère. Ainsi, les enfants uniques sont proportionnellement plus nombreux à entretenir une fréquence élevée de contacts téléphoniques avec leur mère. Mais on remarquera dans un même temps pour ceux-ci une légère surreprésentation des fréquences rares (une fois tous les 15 jours ou moins) avec leurs mères. Toutefois, l’effectif est ici trop restreint pour nous permettre de mener plus avant des analyses susceptibles d’expliciter cet inversement de tendance pour ce petit groupe de personnes.

Graphique 35. Fréquences des communications téléphoniques avec la mère puis avec le père en fonction du nombre de frères et sœurs des jeunes adultes
Graphique 35. Fréquences des communications téléphoniques avec la mère puis avec le père en fonction du nombre de frères et sœurs des jeunes adultes

Sous-population : décohabitants

Le régime de fréquences des contacts téléphoniques avec le père semble échapper à la logique décrite à propos des relations téléphoniques avec la mère. Il n’y a pas de corrélation linéaire entre le nombre d’enfants dans la fratrie et la propension à téléphoner. Le seul écart que l’on puisse voir s’observe pour les fratries de 2 enfants : les communications y sont globalement plus fréquentes que pour les autres configurations familiales. Nous pouvions supposer qu’il s’agissait dans ce cas de figure d’un milieu spécifique qui pouvait expliquer cette forte implication téléphonique des pères. Mais précisément, lorsque la taille des fratries est comparée aux catégories socioprofessionnelles des pères, ce cas de figure n’est pas significatif d’un milieu professionnel donné107.

Le statut d’activité de la mère peut apparaître comme un élément d’explication possible. En effet, nous pouvons observer une surreprésentation des mères actives occupées dans les fratries de deux enfants. Cette situation est susceptible d’amener les mères à être un peu moins disponibles, ce qui donnerait lieu à une plus grande implication des pères dans les échanges téléphoniques avec les jeunes adultes, palliant alors le manque de disponibilité des mères. Mais les fréquences de communication avec les mères ne sont pas moins élevées dans ce cas de figure. La fratrie de deux enfants constituerait plus vraisemblablement d’un modèle de fonctionnement familial où la répartition des sexuées des rôles est moins active, les deux parents travaillant, les deux parents ayant des relations téléphoniques suivies avec leurs enfants.

Dans l’ensemble, nous constaterons que la forme de la fratrie n’a pas les mêmes effets sur le père et la mère. Là où l’on perçoit dans les échanges avec la mère une distribution des ressources maternelles entre les membres de la fratrie, les échanges avec les pères semblent peu sensibles à la configuration familiale.

Notes
107.

Le nombre d’enfant varie globalement en fonction de la hiérarchie des catégories socioprofessionnelles des pères, mais le fait d’avoir deux enfants dans la fratrie, configuration modale des familles enquêtées, n’est pas spécifique au statut de cadre ou profession intermédiaire. Tout au plus une légère surreprésentation des artisans-commerçants apparaîtrait comme une piste d’analyse, mais les effectifs sont trop minces pour qu’elle soit significative. Voir les tableaux croisés 78 et 79 entre la catégorie socioprofessionnelle des pères et le nombre de frères et sœurs en annexe p 357 (Effectifs et tableau des Ecarts à l’indépendance).