De quoi parlent-ils avec leur père ?

La proportion des sujets purement relationnels abordés entre le jeune adulte décohabitant et son père est somme toute relativement faible141. Elle ne concerne apparemment que 37 % de l’ensemble des dimensions abordées 142. Mais ces résultats correspondent, toutes proportions gardées, à ceux établis par Claisse et Rowe143. La différence que l’on peut tout de même repérer tient d’une part à la spécificité des liens entre les interlocuteurs (pères-descendants) mais également au mode de recueil des données. Les informations ont été ici recueillies sur la base des représentations que les enquêtés ont construites a posteriori lors des deux dernières conversations téléphoniques avec le père. En effet, ces conversations pouvaient être anciennes. Les souvenirs de ces communications, imprécis, se sont très probablement « généralisés » et concernent ainsi toutes les dimensions habituellement évoquées plus que celles effectivement abordées malgré la contextualisation que le libellé de la question opérait autour des deux dernières communications. En revanche, les informations recueillies par les deux chercheurs Claisse et Rowe, pour déclaratives qu’elles soient, étaient inscrites immédiatement dans un carnet. Celles dont nous disposons sont, en ce sens, « plus subjectives » - à supposer qu’il puisse y avoir un degré dans la subjectivité -.car faisant plus volontiers appel à la mémoire. Cette différence de méthodologie laisse donc penser que le nombre de sujets abordés a été majoré dans la plupart des réponses.

Si nous considérons maintenant la répartition des conversations selon leur contenu (relationnel, fonctionnel ou mixte), il s’avère que les conversations à teneur uniquement relationnelles sont très rares (4 %). Aussi, pour les besoins de l’analyse, nous partirons du principe que, lorsque les conversations auront été déclarées comme ayant relaté à la fois des éléments relationnels mais également fonctionnels, ces échanges téléphoniques seront d’abord caractérisés par la dimension relationnelle144. Cela permettra une distinction entre les conversations téléphoniques où aucun élément relationnel n’est mentionné par rapport aux autres.

Cette contrainte dont il faut tenir compte pour pouvoir poursuivre l’analyse se révèle porteuse d’une information importante : entre pères et enfants, les communications uniquement relationnelles sont pratiquement inexistantes. La part des aspects fonctionnels et informatifs constitue un socle à toutes conversations téléphoniques.

Cette précaution prise concernant le traitement des données, la part des conversations évoquant des aspects relationnels est nettement majorée entre les pères et les jeunes adultes puisqu’elle concerne plus de 3 enquêtés sur 4 (76 %).

Graphique 42. Types de sujets abordés lors des communications téléphoniques avec le père
Graphique 42. Types de sujets abordés lors des communications téléphoniques avec le père

Sous-population des décohabitants.

Notes
141.

Les deux dimensions que nous considérons comme « purement relationnelles » sont les thèmes concernant les relations avec la famille, les amis et le conjoint ou le petit ami.

142.

Le détail des proportions des sujets abordés figure en annexe.

143.

Lesquels observent un trafic relationnel « pur » de 33,5 %.

144.

Pour Claisse et Rowe, certaines discussions semblent relever uniquement de la conversation « relationnelle ». Ce type de conversation est pratiquement inexistant dans notre corpus, d’où notre reconsidération des définitions qu’ils donnent du type « relationnel » sous-entendant  « uniquement relationnel », classification qui semble peu opérationnelle dans le cadre de notre population même si leur approche demeure intéressante pour l’analyse.