De quoi parlent-ils avec leur mère ?

En se basant sur des principes similaires et une question équivalente à propos des thèmes abordés avec la mère145, nous obtenons une répartition différente des sujets abordés. En effet, la part des conversations où des aspects relationnels sont évoqués est de 88 %, soit 12 points de plus que dans les conversations avec le père. Les conversations purement fonctionnelles ne constituent alors plus qu’une part marginale des échanges téléphoniques.

La mère apparaît comme la confidente privilégiée de ses enfants [Galland, 1997], pour les garçons et plus encore pour les filles. Comme le souligne Olivier Galland, la mère prend en fait en charge « le bien-être personnel et émotionnel des enfants 146 », parlant plus volontiers avec eux de leurs amis et de leur vie sentimentale. Par confidente, il faut comprendre que c’est à elle qu’on parle de ses amis et de sa vie sentimentale.

Graphique 43. Types de sujets abordés lors des communications téléphoniques avec la mère.
Graphique 43. Types de sujets abordés lors des communications téléphoniques avec la mère.

Sous-population des décohabitants.

Force est de constater que l’on ne parle pas de la même chose à son père et à sa mère. Si la fréquence, nous l’avons vu, est tendanciellement moins importante concernant les pères, c’est plus souvent pour échanger des informations que pour parler des dimensions intimes de sa vie. Ainsi, la moindre fréquence observée précédemment n’est pas compensée par des conversations plus personnelles. Au contraire, tout se passe comme si les mères se saisissaient pleinement de cet outil quitte à en faire un média central de la relation, tandis que les pères y auraient moins recours, tant au niveau de la fréquence que de la variété des registres de communication. Martine Segalen [1999] montre que les hommes ont tendance à laisser aux femmes ce qui relève du ‘ « papotage » ’ et à utiliser le téléphone comme un outil destiné à ‘ « faire passer un message précis147 » ’. Ce que nous observons dans nos données montre que ces « papotages » relèveraient de dimensions plutôt relationnelles, sans qu’effectivement il ne s’agisse d’éléments essentiels à l’organisation et à la gestion de la vie quotidienne. Cet usage remplit pourtant une fonction essentielle puisque comme le montre l’auteur, c’est ainsi que les mères ‘ « tissent le lien familial au long des jours et des semaines ».

Notes
145.

La part des conversations à teneur uniquement relationnelle est également très restreinte : 5 %.

146.

Galland, 1997. p 174.

147.

P 22.