Pour résumer

les différents usages qui sont faits du téléphone lors des communications entre parents et jeunes adultes, notons en premier lieu l’importance du caractère informatif des contenus. Se donner des nouvelles constitue en définitive la dimension principale des conversations. Les mères sont plus souvent que les pères susceptibles d’avoir des échanges qui portent sur des dimensions plus intimes si l’on en croit leur propension à aborder des sujets plus relationnels, exprimés pendant des communications plus longues. Ce résultat est en congruence avec ce qui a été observé tout au long de cette analyse. En revanche, la séparation semble opérer un double mouvement des échanges téléphoniques avec la mère : ils sont à la fois plus courts, mais abordent en même temps plus volontiers des dimensions relationnelles. Tout se passe comme si la part de l’informatif était minimisé, et que le temps relativement court imparti aux communications téléphoniques était par contre beaucoup plus axé sur des dimensions intimes. Autrement dit, nous observons un certain changement dans la nature des relations avec les mères lorsqu’elles sont séparées. Elles sont moins mobilisées sur un plan pratique et informatif – ce qui dénote une plus grande autonomie de la part des jeunes adultes – mais seraient par contre des interlocuteurs tendanciellement plus « intimes » que les autres mères.

Quant aux pères qui conservent un lien téléphonique avec leur descendant, la séparation ne semble, dans l’ensemble, que peu modifier la nature des communications. Les durées ne sont pas altérées, mais l’on sait par ailleurs que la fréquence des communications téléphoniques diminue tendanciellement. Ainsi, la baisse de la fréquence n’est apparemment pas compensée par des échanges plus longs ou de nature plus intimes. Ils ne sont pas moins relationnels pour autant, mais il faut tenir compte de l’absence de relais maternel pour se tenir au courant de l’état d’esprit dans lequel le jeune adulte évolue. Les pères séparés sont donc plutôt moins au courant de ce qui se passe dans la vie de leur descendant, d’où, supposons-nous, une certaine distance qui peut s’installer. N’oublions pas par ailleurs la forte proportion des pères qui eux, n’ont plus du tout d’échanges téléphoniques avec leur descendant. Les relations pères-jeunes adultes semblent pâtir de la séparation plus que celles entretenues avec les mères.

Ces observations montrent en définitive que la fonction parentale du père comme de la mère est affectée par la séparation. Pour poursuivre cette investigation, nous nous attacherons à comprendre quelle est en fait la fonction des appels téléphoniques dans le système relationnel qui relie des parents et le jeune adulte.