Mise en question de la relation et régimes de communication téléphonique

A l’opposé des régimes de relation de ces jeunes adultes, d’autres mettent en question le lien qui les unit à l’un de leur parent – en général le père – suite à une rupture du contact pendant une période donnée. Il s’agit généralement du moment qui a suivi la séparation des parents, comme nous l’avons montré dans la première partie de ce travail. Le lien est alors questionné et la question de l’usage du téléphone apparaît d’autant plus cruciale. En effet, les entretiens montrent que l’appel téléphonique devient un enjeu de reconnaissance de la relation. À partir du moment où la relation ne va plus de soi, qu’elle n’est pas évidente pour nos enquêtés, un coup de fil constitue alors la matérialisation, la concrétisation de l’existence d’un lien. L’enjeu est celui de la reconnaissance par autrui de la relation telle qu’on l’attend. La rupture du couple parental amène les enfants issus de ce couple à s’interroger sur les dimensions de la relation de filiation qui les unit à chacun de leurs parents et sur sa solidité. Si un couple de parents peut se défaire, comment être sûr qu’il n’en sera pas de même entre parent et enfant ? La question qui se pose alors est de comprendre comment se construit la représentation que l’on a de la qualité de la relation avec son parent. Quels sont les éléments, les pratiques de chacun, qui peuvent faire qu’une relation est évidente dans sa réciprocité et sa qualité ? En revanche, quelles sont les attitudes attendues ou quelles sont les actions tentées pour reconstruire l’évidence d’une relation qui est mise à mal. Les psychologues ont montré que l’on ne pouvait se détacher, s’autonomiser de ses parents qu’à partir du moment où l’on est rassuré à propos du lien qui nous unit à nos parents. De ce fait, si la relation ne revêt pas un caractère d’évidence, qu’elle ne correspond plus aux critères de qualité tels qu’on a pu se les représenter, socialement construits, quelles sont les stratégies mises en œuvre par les jeunes adultes en phase d’autonomisation pour gérer cette situation ?