Perspectives de recherche

Fondations et métamorphose d’écritures francophones contemporaines

Les auteurs de notre corpus s’inscrivent tous dans un système littéraire en perpétuel devenir, celui des littératures francophones. Dès lors, du fait de leurs origines diverses, comment leurs voix viennent-elles participer au concert de ce vaste champ littéraire nouvellement , nouvellement reconnu ? D’Europe, du Maghreb ou des Mascareignes, les origines de nos auteurs sont multiples, pourtant, c’est au sein de ce même système littéraire qu’ils viennent se croiser. Se peut-il alors qu’en ce point de croisement de la francophonie littéraire viennent se changer, s’échanger et s’inter-changer les écritures, et avec elles les imaginaires ? Comment ces imaginaires et ces écritures d’origines diverses, ayant tous transgressé des frontières, se retrouvent-ils dans une constellation littéraire – une famille – commune ? Comment participent-ils et contribuent-ils au renouvellement ainsi qu’à la pluralisation d’une francophonie littéraire ouverte ?

Dans un premier temps il conviendra de préciser quelques éléments d’histoire, et de rappeler les conditions d’émergence de voix qui, en amont de celles que nous nous proposons d’étudier, ont contribué à ouvrir et à façonner de nouveaux imaginaires. Il s’agira donc de replacer ces écritures dans les contextes de leur énonciation : quelles sont les voix qui ont offert de nouvelles possibilités de percevoir et de dire le monde ? Et de ce fait, dans quels paysages historiques et littéraires s’inscrivent nos auteurs ? De même, un rappel du substrat biographique, géographique et historique qui nourrit les œuvres de chacun de nos auteurs paraît nécessaire. Ce premier mouvement nous permettra alors d’appréhender, avec les bases indispensables, les éléments de rupture qui conduisent les écritures de nos auteurs à se faire et/ou se défaire ; que ce soit par la mise en œuvre des présences ayant provoqué les exils, ou des absences qui leur sont consécutives. Ces fondations aideront à reconnaître de quelles natures sont les mouvements régissant les textes : ils ne semblent pas correspondre à des migrations mais bien à des exils, puisque nous verrons qu’il n’y a jamais déplacement univoque de l’être et de l’imaginaire d’un côté d’une frontière à un autre, mais des mouvements perpétuels de ces entités entre les divers espaces parcourus. En somme, comment s’écrivent et se lisent les ruptures provoquées par les exils ? Quelles sont-elles ? Par le jeu de contrepoids entre les présences et les absences, entre les plis et les creux, quelles définitions nos textes donnent-ils de la notion d’exil ?